Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/120

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tout ce qu’elles ont entendu, vu, remarqué dans la journée. On ignore quels sont ces indicateurs officieux, et l’on ne cherche même pas à le savoir. Dès qu’un crime est commis, il se trouve des bonnes gens inoccupés qui se mettent l’esprit à la torture pour découvrir quel peut en être l’auteur, et les lettres pleuvent dru comme grêle. Pour vingt qui sont ineptes, il s’en trouve parfois une qui donne un renseignement utile. On tient compte de tout, et il n’y a billevesée si folle qui ne soit l’objet d’un commencement d’enquête. La plupart de ces missives ne sont point signées et émanent évidemment d’hommes désœuvrés qui veulent avoir quelque importance à leurs propres yeux ou qui, de bonne foi, pensent rendre service à la société. Jud et Troppmann ont fait gagner bien de l’argent à la poste.

Non-seulement la préfecture a tous les sommiers judiciaires qui ne sont, de fait, que le relevé des condamnations prononcées, mais elle garde avec soin le dossier particulier de tout individu qui, pour une cause ou pour une autre, lui a passé par les mains. Une simple contravention donne lieu à la formation d’un dossier et à un numéro matricule, aussi bien qu’un vol à main armée. La police est le vestibule de la justice ; nul individu ne comparaît devant les tribunaux sans avoir été examiné par elle et sans avoir vu vérifier ses antécédents. J’ai entendu un mot caractéristique : Nous n’envoyons au procureur impérial que des criminels complets — c’est à-dire accompagnés de toutes les pièces, de quelque nature qu’elles soient, qui peuvent éclairer la justice sur leur compte.

Ce travail est énorme, car il implique une correspondance très-détaillée avec tous les parquets de l’empire et des communications incessantes avec les tribunaux du département de la Seine. Dans des archives tellement considérables, qu’une section composée de plusieurs