Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le quai des Orfèvres, n’ait point, de l’autre, absorbé la plus grande portion de la place Dauphine.

Du vieil édifice où logèrent les rois de France il ne reste que peu de vestiges apparents : les trois tours de la Conciergerie et la tour carrée du coin où, pour la première fois, en 1370, on vit fonctionner la grosse horloge de Henri de Vic. Cette tour servait de beffroi, et la cloche qu’elle renfermait mêla sa voix au tocsin de Saint-Germain-l’Auxerrois pendant la nuit du 24 août 1572 ; ce souvenir était resté très-présent dans la mémoire du peuple de Paris, et, dès les premiers jours de la révolution, la cloche fut brisée. On croit assez généralement que Montgomery fut enfermé dans la Tour du Coin ; c’est une erreur ; ce fut le donjon détruit en 1778, situé à peu près à l’endroit où s’élève la nouvelle cour d’assises, qui lui servit de prison, et après lui à Ravaillac et à Damiens. La vraie relique de ces temps passés est une vaste salle qui, selon une tradition à laquelle il ne faudrait peut-être pas croire aveuglément, fut la chambre à coucher du roi saint Louis. Jusqu’à Louis XII, elle a servi de salle de cérémonie dans les circonstances solennelles ; plus tard, devenue la grand’chambre du parlement, elle vit les lits de justice et les rois siégeant « sur les lis ».

La Fronde en sortit en 1648 à la suite des assemblées du parlement, de la cour des comptes et de la cour des aides ; c’est là que Louis XIV, tout botté et fouet en main, inaugura ce glorieux règne qui devait finir par tant de misères ; ce fut là que la justice, supérieure à la royauté, se rappelant qu’on avait annulé le testament de Louis XIII, brisa celui de Louis XIV, à la grande joie de Saint-Simon, qui raconte si naïvement les expansions de son orgueil comique à la vue des robins inclinés devant lui. Il devait y avoir là bien autre chose que des luttes puériles de mesquines préroga-