Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/185

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lui n’est qu’un acte de politesse et de déférence dû à un supérieur.

Le débat est non-seulement public, mais il est contradictoire ; aussi les témoins sont appelés un à un. Ils prêtent serment « de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité, rien que la vérité » ; ce serment n’est point toujours facile à obtenir d’eux, car ils sont en général tellement ahuris qu’ils ne comprennent rien aux paroles qu’on leur adresse. Après chaque déposition, l’accusé interrogé est libre de la réfuter. Les témoins disent-ils toujours la vérité ? On doit le croire, puisque leur serment les engage ; mais les vieux juges expérimentés ne s’y laissent pas prendre, et ils savent qu’il y a des signes extérieurs qui sont souvent un indice de mensonge : l’homme bien élevé tousse, l’homme commun fait effort pour cracher. L’observation est moins spécieuse qu’elle n’en a l’air ; j’ai pu, en suivant les sessions de la cour d’assises, le constater plusieurs fois.

Selon les besoins de l’interrogatoire, on montre les pièces à conviction, qui, une à une, sont présentées à l’accusé, à qui l’on demande s’il les reconnaît. On voit apparaître alors dans leur muette éloquence ces témoins terribles qui, mieux que tout langage, racontent les péripéties du drame : nippes sanglantes, couteaux rouillés, fioles encore à demi pleines de poison, instruments de crime, vêtements des malheureux qu’on a jetés violemment dans la mort. Lorsqu’on fit voir à Philippe la robe que portait la dernière femme assassinée par lui, robe si imprégnée de sang qu’elle en était roide, la salle entière jeta un cri d’horreur.

Il est un témoin qui est toujours attendu avec impatience et écouté avec un soin religieux, c’est le médecin légiste. Dans plus d’un cas d’empoisonnement ou de meurtre mal défini, c’est bien réellement lui qui détermine le verdict du jury. Il accomplit là une mission