Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/211

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çait de tomber en ruines, et le conseil général du département de la Seine avait décidé en 1836 que la nouvelle prison, composée de huit divisions distinctes, serait élevée dans le faubourg Saint-Marceau et disposée de telle sorte que chaque catégorie de criminels serait séparée. C’était un progrès, mais il ne répondait déjà plus aux exigences. S’appuyant sur ce fait démontré par l’expérience, qu’il est presque toujours indispensable que les prévenus soient au secret et sévèrement maintenus en dehors de toute communication, le ministre de l’intérieur arrêta, vers les premiers jours de 1857, que dorénavant la détention préventive serait subie dans un isolement complet. Dès lors le projet du conseil municipal était à néant. Celui-ci se remit à l’œuvre et vota, dans la séance du 16 octobre 1840, « que la prison de la Force serait remplacée par une maison d’arrêt soumise au régime de l’isolement »

Du reste, la chambre des députés avait déjà, au mois de mai de la même année, écouté un projet de loi sur la réforme des prisons, dans lequel il était dit « que l’emprisonnement cellulaire était aux yeux du conseil le remède le plus efficace au débordement de corruption qu’engendre l’état actuel des prisons », et qu’il convenait de soumettre le coupable à un régime qui commençât l’œuvre de la moralisation ». Le grand mot venait d’être officiellement prononcé pour la première fois : emprisonnement cellulaire ; mais il avait pour correctif et pour raison déterminante un autre mot qu’on n’était point accoutumé à entendre en pareille matière : œuvre de moralisation.

Pendant qu’on discutait au conseil municipal, qu’on lisait des mémoires sur la question à l’Académie des sciences morales et politiques, que la Chambre des députés se montrait passablement indifférente, un homme de bien, sans faire grand bruit et usant de l’initiative