Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/213

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de la séparation n’en donnait que 7 sur 239. Huit rapports adressés par lui au ministre de l’intérieur, du 29 juin 1839 au 27 février 1847, indiquent les progrès accomplis et forment un plaidoyer éloquent appuyé sur preuves, muni de documents irrécusables, en faveur de l’emprisonnement cellulaire.

Cette expérience, faite et continuée avec un soin extrême par un homme de bon vouloir sur des enfants, c’est-à-dire sur des êtres mobiles par excellence, naturellement rebelles au joug très-dur de la solitude, arrachés à des habitudes de vagabondage et enfermés sans transition dans une cellule muette, fit plus pour la cause en litige que toutes les discussions possibles. Le fait était public et palpable ; une fois de plus le mouvement était prouvé par le mouvement même. Aussi lorsque le projet de loi revint à la chambre des députés, il fut adopté dans la séance du 18 mai 1844 et il consacrait pour les détenus le principe de l’isolement. La cour de cassation et les cours royales, consultées par le gouvernement, l’approuvèrent à une majorité considérable, vingt-quatre sur vingt-huit, y compris la cour de cassation. Malgré tant d’encouragements, malgré les efforts de la magistrature et des spécialistes, la question était suspendue et ne revêtait pas encore la formule législative, qui seule pouvait la faire inscrire dans nos codes.

On semblait oublier les enseignements de l’histoire, on ne se souvenait pas des plaintes du passé, on ne tenait pas compte de tous ces rapports de police, que j’ai parcourus et à chaque page desquels on peut lire : « Un tel est à surveiller à la fin de sa détention, car son séjour en prison le rendra redoutable, » et l’on avançait avec une lenteur désespérante. Le projet de loi élaboré depuis 1840 et qui traînait de portefeuille en portefeuille fut approuvé le 24 avril 1847 par une commission de la chambre des pairs. On était en droit d’espérer que