Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Saint-Denis et à celui de Villers-Cotterets, avaient été enfermés dans les cellules. Leur séjour et les conditions exceptionnelles auxquelles ils furent soumis ne donnèrent lieu à aucune observation défavorable. D’une part, la maison était saine ; de l’autre, l’isolement, que des philanthropes malavisés combattaient avec acharnement et déclaraient cruel au premier chef, apportait à la discipline en général et à la moralisation du détenu d’importantes modifications. Mazas devint une sorte de prison modèle et servit de but à des études et à des controverses qui n’ont pas encore pris fin.

La prison proprement dite est contenue dans une vaste enceinte formée par deux murailles parallèles entre lesquelles circule un chemin de ronde gardé nuit et jour par des sentinelles empruntées à un poste de soldats placé à l’entrée même de la maison. Lorsque l’on a franchi la grille qui s’ouvre sur le boulevard Mazas, on pénètre dans une large cour où de magnifiques lierres dissimulent la tristesse des murs. Deux marches donnent accès dans un corps de logis contenant le cabinet du directeur, le greffe et la salle d’attente où les prévenus sont enfermés avant de subir les formalités de l’écrou. À peu près pareille à la souricière du Palais de Justice, cette pièce ressemble au corridor d’un établissement de bains.

Chaque individu est placé dans une cellule particulière, cellule sévèrement isolée et dont la construction est excessivement défectueuse. En effet, le premier principe qui doit présider à la construction d’une prison est d’éloigner du prisonnier toute possibilité de suicide. Or, si l’on avait voulu faire de ces cellules d’attente un lieu spécialement destiné à la pendaison, on n’aurait pas mieux réussi. Le plafond très-bas, qu’un homme de taille moyenne atteint aisément avec la main, est composé de barres de fer auxquelles il est très-facile d’atta-