Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/320

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Appendice.Le trajet du condamné se fait actuellement de plain-pied, ainsi que je l’ai dit dans une note, entre sa cellule et l’avant-greffe ; mais l’inutile et cruelle opération de la toilette subsiste encore, sans qu’il soit possible de deviner pourquoi ; l’échafaud a été débarrassé de l’escalier de dix marches dont l’ascension était si pénible ; aujourd’hui les bois de justice, privés d’estrade, posés directement sur le sol, ressemblent à un étal de boucher ; cette disposition nouvelle a cela d’excellent qu’elle abrège l’angoisse du malheureux et ne permet pas à la foule de l’apercevoir. On laisse encore le condamné languir trop longtemps et l’on retarde beaucoup trop la décision suprême : Joly (Alphonse-Eugène), condamné à la peine de mort le 29 octobre 1872, signe un pourvoi qui est rejeté le 14 novembre par la cour de cassation ; le recours en grâce, immédiatement adressé à qui de droit, reste en suspens pendant trente-quatre jours ; le condamné n’est exécuté que le 18 décembre ; cinquante et un jours entre la condamnation et l’exécution, c’est trop ; c’est là, il faut le répéter, une aggravation de la peine que nul n’a le droit d’appliquer.

L’exécuteur des hautes œuvres que j’avais vu « opérer » est mort le 29 mars 1872, il a été remplacé dès le 1er avril ; son successeur semble moins habile que lui ; il use de précautions excessives dont on pourra juger en lisant les passages suivants d’une lettre qui fut adressée au procureur général après l’exécution de Joly. « Extrait de sa cellule à six heures et demie du matin, le condamné a été conduit dans l’avant-greffe, assis sur le tabouret et immédiatement entouré par l’exécuteur et quatre aides. L’un des assesseurs lui a attaché les deux avant-bras l’un contre l’autre, avec une corde dite septain, mesurant 3  mètres 75  cent, et a fait dix tours ; les deux bras ont été liés à la hauteur des biceps par une corde double qui, déployée, a 2  mètres 30  cent. ; les jambes ont été entravées au-dessus des chevilles par une corde double qui, déployée, a 2 mètres ; une corde, dite ligotte, nouée aux entraves, rattachée à la ligature des poignets et à celle des bras, a été tournée deux fois autour du corps ; cette corde double ne mesure pas moins de 6  mètres 45  cent. : total 14  mètres  50 cent. de cordes pour immobiliser un homme qui est accompagné de l’exécuteur, de quatre aides, de trois gardiens, du chef de la sûreté, d’un brigadier du même service et qui est tenu sous chaque bras. Les poignets ont été si violemment serrés, qu’une heure après l’exécution les mains

    en 1846 ; le duché de Nassau, en 1849 ; le grand-duché d’Oldenbourg, en 1849 ; le duché de Brunswick, en 1849 ; le duché de Cobourg, en 1849 ; l’État de Rhode-Island, en 1852 ; la république de Saint-Marin, en 1859 ; la Roumanie, en 1860 ; le grand-duché de Saxe-Weimar, en 1862 ; le duché de Saxe-Meiningen, en 1862 ; le canton de Neuchatel, en 1863 ; les États-Unis de Colombie, en 1864.