Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/377

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proportion on opère le salut de ces abandonnées ; sur trente-six filles repenties qui, depuis 1866 jusqu’à la fin de 1869, sont restées, en moyenne, chacune deux ans et demi dans la maison des Dames diaconesses, vingt et une placées par les soins de l’œuvre ont tenu une conduite irréprochable, sept sont retournées à leur vieux péché, huit ont disparu sans donner de leurs nouvelles. Beaucoup s’attachent à la maison et voudraient y rester, car la nourriture y est bonne, la vie facile et la règle très-maternelle.

Parmi les instituts catholiques destinés à recevoir les filles qui penchent vers la conversion, deux m’ont paru dignes du plus sérieux intérêt : c’est l’Ouvroir de Notre-Dame de la Miséricorde et la maison du nouveau Bon-Pasteur. L’ouvroir est dans la grande rue de Vaugirard ; on dirait qu’il a été placé au delà de la barrière de l’École-Militaire, réceptacle de tant de vices et de débauches, comme le remède à côté du mal. La maison est petite, étroite, mal bâtie : c’est presque une masure de maraîcher ; il a fallu des tours de force d’imagination, de perspicacité, de bon vouloir pour en tirer parti. Le travail des pensionnaires et quelques médiocres secours alimentent bien insuffisamment cette œuvre excellente, qui étouffe dans les étroites limites où la pauvreté la confine, et qui pourrait cependant, si elle recevait un développement normal, rendre à la société d’inappréciables services.

Elle appartient aux sœurs de Marie-Joseph et a été fondée en 1843 par les dames visiteuses des prisons. Presque toutes les pensionnaires ont été choisies à Saint-Lazare, dans les salles de la correction paternelle, de la prévention, de la détention des filles publiques. On les emploie à des travaux de couture qu’elles font pour des magasins de confection, et elles arrivent promptement, sous la direction de dix sœurs qui les surveillent, à une