Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/149

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épicier enrichi en acheta une partie et y fit construire en 1547 une maison de plaisance admirablement située pour découvrir Paris, et que l’on nomma la Folie-Regnault ; une rue voisine en garde le souvenir. Les jésuites de la rue Saint-Antoine en firent l’acquisition en 1615, et y établirent une « maison des champs », où ils allaient faire retraite à certaines époques de l’année. On dit que, le 2 juillet 1652, Louis XIV enfant assista d’une fenêtre de cette maison au combat dont Mademoiselle décida l’issue en faisant tirer le canon de la Bastille. La flatterie ne manqua pas une si belle occasion de s’affirmer, et de ce jour ce fut le Mont-Louis. En 1676, le roi en fit don au père Lachaise, son confesseur ; la Folie-Regnault fut démolie, et remplacée par une maison qui subsista jusqu’en 1820 ; celle-ci était assez laide et composée de deux étages de style commun, surmontés d’un belvédère à trois fenêtres qui prenaient vue sur la ville. Elle occupait l’emplacement de la lourde chapelle centrale qui fut inaugurée en 1834[1]. Le nom du confesseur seul a subsisté, et Mont-Louis n’est plus connu.

La partie ancienne du cimetière, c’est-à-dire celle qui est antérieure aux agrandissements de 1849 et de 1850, est admirable. Il faut la voir au printemps, lorsque les arbres verdissant sont couverts d’oiseaux, que les primevères, les violettes, les ciguës frissonnent aux premiers rayons du soleil ; c’est là une antithèse dont il est difficile de n’être pas frappé entre ces sépulcres recouvrant des êtres immobiles à toujours et cette nature insouciante qui verse la vie à pleins flots. Il y a surtout

  1. « De la butte du Jardin (du Roi), j’ai vu de l’autre côté de la rivière, sur la pente d’une chaîne de collines, le palais ou la maison de campagne du père de Lachaise, confesseur du roi. Elle est dans une belle exposition au midi et bien boisée à droite et à gauche. C’est une demeure fort convenable pour un esprit contemplatif. » Voyage de Lister à Paris en 1698, p. 168.