Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/171

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tière étale ses tombes nouvelles ; elles se pressent, elles dévorent l’emplacement, et bientôt il faudra laisser reposer la terre. Saint-Ouen, Ivry, les 28 hectares qu’ils représentent, ce n’est que de l’empirisme qui coûte fort cher, ne remédie à rien et ne touche même pas au problème. En réalité, Paris n’a pas de cimetière ; ceux où il a versé ses morts depuis soixante ans, épuisés à cette heure, ne sont plus qu’une cause d’insalubrité. On a acheté les terrains d’Ivry et de Saint-Ouen pour inhumer les corps, ceci n’est point douteux, mais surtout pour gagner du temps, pouvoir raisonner à loisir sur un parti à prendre et qui aurait dû être pris depuis plusieurs années, car le péril ne date pas d’aujourd’hui.

Il faut d’abord faire remarquer que, d’après le décret de prairial, il est rigoureusement interdit d’établir un cimetière dans l’intérieur des villes ; or Paris en renferme actuellement quatorze[1] ; je sais que la loi d’annexion a réservé la question, mais tout commande de la résoudre au plus tôt. La totalité de la superficie des champs de sépulture réservés exclusivement à Paris est d’un peu moins de 140 hectares. Dans cette étendue, l’on a donné aux tombes tout l’espace qu’on pouvait leur accorder ; on a même été forcé de ne plus tenir compte des règlements et d’envahir les avenues. En effet, pendant la période d’investissement, la mortalité s’est accrue dans des proportions que nous avons fait connaître ; il n’était pas possible alors d’aller chercher un nouvel asile pour les morts au delà des fortifications ; faute de mieux, on a pris les allées : dans plus d’un cimetière, les sépultures se sont étendues jusque sur les chemins. En retirant de ces 140 hectares ce qui est occupé par les bâtiments d’administration, les routes indispensables, les concessions perpétuelles, les concessions tempo-

  1. Quatorze cimetières intérieurs, six extérieurs.