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révolution au théâtre. Les soubrettes de la Comédie-Française sont célèbres, et plus d’une a laissé de vifs souvenirs ; elles ont un père illustre entre tous. Dans la Galerie du Palais, représentée en 1634, Pierre Corneille substitua pour la première fois une suivante, Florice, à la nourrice que la tradition imposait, et qui n’était jamais qu’un acteur déguisé en femme.

Autrefois, nul ne l’ignore, la scène française était envahie par des spectateurs privilégiés qui gênaient le jeu des acteurs et dont la présence n’aidait guère à l’illusion ; cette sotte coutume a disparu il y a un peu plus d’un siècle. La scène, reconstruite et enfin déblayée, fut inaugurée le 23 avril 1759. Une telle amélioration entraîna une dépense de 40 000 francs ; on prétend que le comte de Lauraguais la prit à sa charge ; c’est une erreur, il se contenta d’y contribuer pour une somme de 1 500 livres ; c’est du moins ce que raconte Barbier, qui est généralement bien informé.

Actuellement, dans tous nos théâtres il y a au foyer un buffet où l’on trouve quelques rafraîchissements ; dans les salles peu importantes, on entend un garçon de café qui, pendant les entractes, offre, en criant, du sirop d’orgeat et de la bière. À la Comédie-Française, le fameux Procope louait par bail de trois, six, neuf ans, une loge spéciale où il débitait sa marchandise, et qu’à cause de cela on nommait la loge de la limonade. À l’Opéra, on vendait des truffes et des liqueurs fraîches ; au mois de février 1733, les truffes furent remplacées par de la guimauve, parce que tout le monde était enrhumé.

À mesure que le théâtre grandissait et devenait une sorte de besoin social qu’il fallait satisfaire à tout prix, une institution de surveillance préventive se développait parallèlement. L’État protège le principe d’autorité, qui a des racines nombreuses qu’il ne veut point laisser