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ouvertes et ne seront plus exposées à être « administrées » entre un kiosque d’affichage et un dépôt de cailloux.

Le public n’a pas encore appris le chemin de la Carnavalette », comme disait madame de Sévigné ; mais en revanche il n’ignore pas celui des autres bibliothèques ; ce n’est pas dire qu’il les fréquente très-assidûment. Une seule, aux séances qu’elle a instituées de six heures à dix heures du soir, est vraiment envahie par les travailleurs : c’est Sainte-Geneviève. Il est difficile de se refuser à un sentiment de respect en voyant tous ces jeunes fronts penchés sur les tables d’étude et « potasser », c’est le mot familier, à la clarté de quatre-vingts becs de gaz ; plus de 300 étudiants y sont assidus pendant la soirée ; on s’amuse fort au quartier latin, mais on y travaille beaucoup aussi, et il y a lieu d’espérer que ce labeur ne sera pas stérile. C’est l’exception, je dois l’avouer, et dans les autres bibliothèques le visiteur est clair-semé.

On sait exactement le nombre des lecteurs fournis par les Parisiens : à la Richelieu, 250 à la salle de travail, 170 à la salle de lecture ; à la Mazarine une soixantaine, tout autant à l’Arsenal ; environ 80 à Sainte-Geneviève pendant la journée ; donc, sur une population de 1 800 000 âmes, 640 font, le jour, acte de présence dans nos bibliothèques ; lorsqu’il pleut ou qu’il fait très-froid, ce chiffre doit être augmenté d’un bon tiers. Pour beaucoup de gens, en effet, la salle des bibliothèques est un chauffoir et un abri ; pour presque tous c’est un cabinet de lecture. Ce que l’on demande le plus ce sont les romans, les livres d’histoire « amusants », les revues de la quinzaine ou du mois, quelques livres de voyages, les chroniques scandaleuses et les armoriaux où l’on espère de trouver des ancêtres.

Il y a des maniaques qui, chaque matin, arrivent à