Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/248

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pour 1 000 habitants. Ils ne sont pas tous docteurs : parmi eux on compte 179 officiers de santé ; ce ne sont ni les moins riches, ni les moins connus. Ceux-ci, en effet, sont presque tous étrangers ; ils ont, en passant des examens sommaires, aisément obtenu le droit d’exercer la médecine. Leur qualité d’étrangers est un titre de plus pour beaucoup de gens qui les accueillent et les recommandent ; ils se font ordinairement une petite spécialité, celle des maux de gorge, par exemple, dans laquelle il est facile d’exceller sans avoir jamais ouvert un Codex ; ils guérissent l’enrouement des chanteuses et calment la toux des enfants ; on les prône, on les appelle pour les cas graves ; incapables de distinguer un cancer d’une engelure, ils n’en acceptent pas moins la redoutable responsabilité de traiter des affections morbides qu’ils ignorent, et quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent on peut dire à leurs clients le mot de Figaro : « Ou la maladie vous tuera, ou ce sera le médecin. »

Derrière ce petit corps d’armée médical, dont quelques généraux sont des hommes du plus haut mérite, viennent les troupes auxiliaires, composées d’une centaine de somnambules qui donnent des consultations et font retrouver les chiens égarés ; de 561 sages-femmes, de 353 dentistes, de 528 herboristes et de 734 apothicaires. « Un compte d’apothicaire » est une expression qui est restée dans la langue française pour signifier l’exagération d’un total. C’était bon autrefois, du temps des Purgon ; aujourd’hui sans doute ils ont mis de l’eau dans leur vin et supprimé quelques zéros de l’addition ; on peut en juger. Ayant eu à acheter 100 granules de Dioscoride, je les ai payés 20 francs chez un apothicaire, 10 francs chez un autre et 95 centimes chez le droguiste qui les fabrique. C’est un excellent métier qui fait d’énormes bénéfices contre lesquels a protesté la baisse