Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/285

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

culottes, » le futur peintre de Napoléon et de Pie VII ; il vit, sans rire, la Convention entourée d’un ruban tricolore porté « par l’Enfance ornée de violettes, l’Adolescence ornée de myrtes, la Virilité ornée de chêne, la Vieillesse ornée de pampres et d’olivier. » De ces lourdes rêveries emblématiques, où l’on ne retrouve guère la preuve de cette légèreté que l’on nous reproche, il est resté une trace matérielle. Dans le jardin des Tuileries, au bout des parterres ménagés au milieu des futaies de marronniers, on voit des bancs semi-circulaires en marbre blanc dont les côtés sont formés par des griffons ; ils sont de l’invention de Robespierre : aux jours de fêtes, les vieillards devaient s’y asseoir pour couronner les jeunes gens vertueux.

L’esprit de contradiction qui anime le peuple de Paris, le détache de la religion lorsqu’on l’y pousse, et l’y ramène lorsqu’on cherche à l’en éloigner. En temps normal, il est assez respectueux pour ce qui tient au culte ; il est religieux sans conviction, un peu de paresse et beaucoup par habitude léguée. Il répète des mots qu’il a entendus sans en avoir bien compris le sens ; il dit : « Je veux mourir dans la foi de mes pères ; » de même que les bourgeois disent volontiers cette balourdise : « Il faut une religion pour le peuple, » sans s’apercevoir qu’ils en ont aussi besoin que lui. Il est cependant un fait que l’on ne peut nier et qu’il est facile de constater : malgré la multiplicité des offices, les églises sont pleines le dimanche ; aux jours de fêtes carillonnées, elles regorgent et sont insuffisantes à contenir la foule qui s’y presse. On ne néglige rien, il est vrai, pour attirer le public par des pompes grandioses, où les chants, les parfums, la beauté du spectacle donnent satisfaction aux sens que l’Église recommande sans cesse de mortifier, et, dans certaines cir-