Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/323

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est si jeune, si belle et si sérieuse ? Je vous plains, Lélie, si vous avez pris par contagion ce nouveau goût qu’ont tant de femmes romaines pour ce qu’on appelle des hommes publics, et exposés par leur condition à la vue des autres. Que ferez-vous, lorsque le meilleur en ce genre vous est enlevé ? Il reste encore Bronte le questionnaire ; le peuple ne parle que de sa force et de son adresse ; c’est un jeune homme qui a les épaules larges et la taille ramassée, un nègre d’ailleurs, un homme noir. »

Il n’est pas jusqu’à ces nouveautés philosophiques que l’on prétend avoir imaginées de nos jours et dont la stérilité fatigante cherche à s’imposer par toute sorte de moyens, qui ne soient des vieilleries inscrites dans l’histoire. La libre pensée, les libres penseurs font grand bruit depuis quelques années ; rumeur de surface qui cache des appétits désordonnés ou des déceptions politiques ; il y a plus d’un siècle qu’Horace Walpole écrivait : « Les Français affectent la philosophie, la littérature et le libre penser, » et il ajoute ceci, qu’il pourrait écrire encore : « De tous les dieux que l’on a jamais inventés, le plus ridicule est cette vieille divinité épaisse et lourde des sophistes grecs, que les modernes lettrés veulent remettre en honneur, le dieu Matière. » Ces hommes qui, dans toute religion établie, voient une sorte de lien moral qu’il faut couper, parce qu’il rattache la société à certains devoirs dont leurs théories sociales ne peuvent guère s’accommoder, ont traversé le pouvoir pendant quelques jours. En grande hâte ils ont profité de cette bonne fortune inespérée pour chasser les sœurs de Charité qui soignaient les malades, pour enlever les crucifix pendus à la muraille des écoles, pour fermer les églises et imposer silence aux prêtres. C’est en invoquant ce qu’ils nomment « les grands principes de la liberté » qu’ils ont commis ces