Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/358

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demander un bouleversement social, qu’en désespoir de cause on essayait d’obtenir par la force ; juillet 1830 a pour corollaire les émeutes sans nombre du règne de Louis-Philippe ; février 1848 est le prologue de l’insurrection de juin ; la conséquence inévitable du 4 septembre fut le 18 mars. C’est toujours la liberté que l’on invoque cependant, et des niais s’y laissent prendre.

Paris a bien souvent prouvé qu’il ne comprend rien aux devoirs politiques, car il est impossible d’imaginer une anomalie plus contradictoire que celle d’un peuple muni du suffrage universel, qui peut, par le simple exercice d’un droit manifeste, faire triompher sa volonté légalement et qui fait des révolutions à main armée. Le pauvre Parisien, dans la maison duquel on vient brasser toutes ces laides besognes, les supporte passivement ; pour éviter la guerre civile, dira-t-on, par pur esprit de patriotisme. — Je n’en crois rien ; mais par paresse et par abandon de soi-même. Comme les gens faibles, et en nombre inférieur, il hurle avec les loups dans la crainte d’être dévoré par eux ; il s’effraye facilement et cherche à écarter de lui les violences qu’il redoute, en les dépassant. C’est un Parisien, La Harpe, qui, dans le Mercure du 15 février 1794, proposait de faire effacer les armes royales timbrées sur les volumes des bibliothèques publiques ; il n’en eût coûté que quatre millions, à un moment où l’argent n’était pas commun : « Mais qu’importe, disait-il, quand il s’agit d’une opération vraiment républicaine ? » Les provinciaux établis à Paris ne sont pas moins niais, ni moins faibles, pour ne dire plus ; après le 10 août, Daubenton, dans son cours au Muséum d’histoire naturelle, déclare à ses élèves qu’en présence des nouveaux principes de la révolution, il cessera d’appeler le lion le roi des animaux ; tout l’auditoire battit des mains avec transport. Dans le Déserteur, au lieu de chanter : Le roi passait…, on di-