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PREMIÈRE PARTIE

AU TEMPS DU ROI LOUIS-PHILIPPE


CHAPITRE PREMIER

APRÈS JUILLET 1830



LA RÉVOLUTION DE JUILLET. — CALOMNIES DE La France Nouvelle. — LA JEUNE BOURGEOISIE LIBÉRALE. — NISARD ET MÉRIMÉE. — LE PRÉSIDENT BONJEAN. — LE GÉNÉRAL LAMARQUE. — LE CLOÎTRE SAINT-MERRY. — LA VÉRITÉ SUR LA MORT DU PRÉSIDENT BONJEAN. — LOUIS-PHILIPPE ROI. — LES TARES DE L’ORIGINE. — CHANGEMENT DE PORTRAITS. — PERMANENCE DE LA CONSPIRATION BONAPARTISTE. — TRIUMVIRAT À L’HÔTEL DE VILLE. — PROJET D’ENLÈVEMENT DU DUC DE REICHSTADT. — LA REINE HORTENSE ET LOUIS-PHILIPPE. — LE ROI ET CASIMIR PERIER. — L’AFFAIRE ZABA. — LA MORT MYSTÉRIEUSE DU DUC DE REICHSTADT. — MARIE-LOUISE, FEMME NEIPPERG, DUCHESSE DE PARME. — CHAPELAIN ET CHAMBELLAN. — UN VERRE DE LIMONADE.



DE la révolution de Juillet, je ne me rappelle rien qu’un grand brouhaha ; j’avais huit ans, et ce n’est pas à cet âge que l’on peut faire des observations judicieuses. Je sais qu’il y eut de l’élan, surtout lorsque l’on s’aperçut que le pouvoir engageait la bataille sans y être préparé, et que la royauté se compromettait dans une lutte dont elle avait négligé de s’assurer le résultat. Une hallucination du prince de Polignac précipita un conflit qui devait primitivement être retardé jusqu’au retour du maréchal de Bourmont, chef de l’armée victorieuse à Alger. On a raconté cette apparition de la Vierge, la foi du ministre, l’exaltation du vieux roi, la croyance à un miracle en faveur du « fils aîné de l’Église » et la chute où l’on fut entraîné ; il n’y a donc plus à y revenir[1].

Dès que la victoire populaire ne fut plus douteuse, un

  1. voir Maxime Du Camp, Souvenirs littéraires, Paris, Hachette, 1882, 2 vol. in-8o. T. Ier, chap. II.