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CHAPITRE II

L’ENTREVUE DE FERRIÈRES



ON COMPTE SUR LA RUSSIE. — ERREUR DE JULES FAVRE ET DU GOUVERNEMENT. — JULES FAVRE DEMANDE UNE ENTREVUE À BISMARCK. — LE PRINCE DE WITTGENSTEIN. — LE RÉCIT DE L’ENTREVUE. — JULES FAVRE. — BISMARCK. — LE CHAT ET LA SOURIS. — RHÉTORIQUE. — PAS DE DIPLOMATIE. — ERREUR DE BISMARCK. — ADIEU. — LA PAIX ÉTAIT-ELLE POSSIBLE À FERRIÈRES ? — L’INVESTISSEMENT. — LE COMBAT DE CHÂTILLON. — LES MOBILES DE PARIS. — INSUFFISANCE DE TROCHU. — FORCES ALLEMANDES, FORCES DE PARIS. — ON GRISE LA POPULATION. — PROPOSITIONS RIDICULES. — LA GARDE NATIONALE SE RÉSERVE. — CEUX QUI ONT ÉTÉ HÉROÏQUES. — OPINION D’ALPHONSE DAUDET. — TIRAILLEURS DE LA SEINE. — MISSION DE THIERS. — DÉLÉGATION À TOURS. — L’AVOCAT CRÉMIEUX. — FORTIFIÉ PAR GLAIS-BIZOIN. — L’AMIRAL FOURICHON. — IL DONNE SA DÉMISSION. — CRÉMIEUX, MINISTRE DE LA GUERRE, CHARGÉ DE SAUVER LA FRANCE !



LE Gouvernement de la Défense nationale n’a sans doute pas reconnu que la prise de Rome par Victor-Emmanuel était, en ce moment précis, une défaite de plus pour la France, et il fit preuve de naïveté, s’il crut qu’il en retirerait quelque avantage de la part de l’Italie ; j’imagine qu’il eut assez d’esprit pour n’y point compter ; du reste, il ne s’en souciait que médiocrement, car il était persuadé qu’à l’heure où il faudrait traiter la Russie interviendrait en notre faveur, serait écoutée et nous épargnerait la douleur du démembrement. Cette conviction, appuyée, avec un semblant de raison, sur un document qui avait été officiel et qui ne l’était plus depuis le 4 Septembre, ne fut pas sans influence sur l’attitude de défi que l’on adopta et sur la prolongation de la lutte.

Jules Favre, en prenant possession du ministère des Affaires étrangères, avait trouvé, ou avait reçu du prince de La Tour d’Auvergne, une lettre du général Fleury, qui fut le dernier ambassadeur de l’Empire à Pétersbourg. Si