Page:Du Camp - Souvenirs d’un demi-siècle, tome 2.djvu/293

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personnel, il était persuadé que l’Empereur eût été reçu avec enthousiasme.

Je ne partage point sa conviction. « Autant lui qu’un autre » eût été, à mon avis, la seule bienvenue qui eût salué le retour de l’homme dont le règne, commencé le 2 décembre 1851, s’était terminé à Sedan. Le prince Napoléon était très affirmatif ; il disait : « Si nous n’avions pas été sabrés par le régiment de cavalerie posté à Thonon, nous aurions réussi ; le corps d’armée de Bourbaki se serait joint à nous ; nulle troupe ne nous eût arrêtés, car il est sans exemple que les soldats tirent les uns sur les autres. Tout dépendait du début, et le début eût été heureux. » Un jour qu’il me racontait encore cet épisode, je lui dis : « Une fois rentré à Paris, qu’est-ce que l’Empereur aurait fait ? » Le prince Napoléon avait souvent la dent dure ; il me répondit : « Des bêtises, selon son habitude. »