Page:Du Flot - Les mœurs du tigre, récit de chasse, 1886.djvu/27

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de conserver les torches allumées et de s’avancer hardiment sur le chemin.

Les hommes hésitèrent.

Alors l’Anglais, le pistolet au point, se décida à donner l’exemple.

Mme  Steadman venait de s’éveiller, et ce silence et ce repos l’avaient étonnée. Un peu mieux portante, elle écarta les rideaux du palanquin.

— Que se passe-t-il ? — demanda-t-elle.

L’officier lui fit signe et ajouta :

— Pas un mot, pas un geste ! Il y va de notre vie, à tous.

Et il s’enfonça dans la jungle.

Les porteurs, entraînés, suivirent.

Toute la troupe passa. Et, du fond de sa chaise à porteurs, la jeune femme terrifiée put voir le monstre, accroupi à dix pas du cortège, le suivre d’un œil tranquille et indifférent, se bornant à retourner la tête pour contempler le défilé, comme aurait pu le faire un chat domestique.

Quand on eut gagné quelques yards, Steadman reprit son cheval qu’un des coolies avait conduit par la bride, et qui avait donné des marques singulières de terreur. L’animal, en effet, au lieu de se cabrer, de ruer, suivant l’habitude, avait marché, tête basse, la queue pendante, fléchissant sur ses jarrets, que l’épouvante secouait comme des roseaux. Pendant quelque temps, on demeura sous le coup des appréhensions. Il fallut cependant se rendre à