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roule ces feuilles, et on en fait une masse, qui se vend à bon prix. Ce thé est d’un usage commun dans les provinces d’Yun nan et de Koei tcheou : il n’a rien d’âpre au goût mais aussi il n’a rien d’agréable. On coupe en morceaux cette boule : on en jette dans l’eau bouillante, comme on fait pour l’autre sorte de thé ; l’eau en devient rougeâtre.

Les médecins chinois assurent que cette boisson est salutaire : elle paraît l’être en effet. Les missionnaires et ceux de leur suite s’en trouvèrent bien dans les légères incommodités, qui sont inséparables d’un grand voyage, telles que sont certaines échauffaisons causées partie par l’assiduité du travail, partie par les chaleurs excessives de l’été. Elle est surtout excellente pour apaiser les douleurs de la colique, pour arrêter le cours de ventre, pour rendre l’appétit, mais alors pour la dose, elle doit être une fois plus forte que celle du thé ordinaire.


Arbre dont on tire de l'huile

Il y a un autre arbre qui produit un fruit, dont on tire l’huile nommée tcha yeou. Cette huile, lorsqu’elle est fraîche, est peut-être la meilleure de la Chine. Quoique par le contour de la feuille, par la couleur du bois, et par quelques autres qualités, il approche beaucoup des arbrisseaux du vou y tcha, il en est néanmoins différent non seulement par sa grandeur, par sa grosseur, par sa structure, mais encore par les fleurs et par les fruits qui sont naturellement huileux, et qui le deviennent encore davantage lorsqu’on les garde après la récolte.

Ces arbres sont d’une médiocre hauteur, et croissent sans aucune culture sur le penchant des montagnes, et même dans les vallées pierreuses. Ils portent des baies vertes d’une figure irrégulière, remplies de quelques noyaux médiocrement durs, et plutôt cartilagineux que osseux.


Arbrisseaux qui portent des fleurs.

Les arbres et arbrisseaux à fleurs sont en grand nombre dans toutes les provinces de cet empire. Les Chinois ont en cela de l’avantage sur les Européens, comme les Européens en ont sur eux pour les fleurs qui viennent de graines et d’oignons. On y voit de grands arbres couverts de fleurs qui ressemblent parfaitement à la tulipe. Un autre porte des fleurs semblables à la rose, qui mêlées parmi ses feuilles vertes, font un très bel aspect.

Parmi les arbrisseaux, je n’en sache guère que trois ou quatre espèces, dont les fleurs soient odoriférantes. Celles que les Chinois nomment mo li hoa sont les plus agréables. L’arbrisseau qui les porte, croît aisément dans le sud, à une assez bonne hauteur, mais dans le nord de la Chine il ne devient jamais plus haut que de cinq à six pieds, quoiqu’on ait soin pendant l’hiver de le conserver dans des serres faites exprès. Sa fleur ressemble beaucoup à celle du jasmin double, soit pour la figure, soit pour la couleur. L’odeur en est plus forte, et n’en est pas moins agréable. La feuille en est entièrement différente, et approche plus de celle des jeunes citroniers.

L’arbre qui porte les fleurs nommées kuey hoa, qui est très commun dans les provinces méridionales, et quelquefois aussi haut qu’un chêne, est rare dans tout le nord de la Chine : ces fleurs sont petites, de différente