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arriva près de Tchen tcheou avec une armée formidable.

Cham pi pi sans trop dégarnir sa ville, s’était campé à une certaine distance près de la rivière, et s’était fortifié dans son camp à la première nouvelle de l’approche des ennemis. Il y fut attaqué par Lu kong ge et forcé de l’abandonner. Le parti qu’il prit, fut de passer la rivière, de rompre le pont, et de suivre l’ennemi dans toutes les marches de l’autre côté de la rivière, quoiqu’il vît les dégâts et les ravages que Lu kong ge faisait sur ses terres, à dessein de l’attirer à une action générale, et il ne permit jamais à ses soldats de passer la rivière, ne fut-ce que pour escarmoucher.

La brutalité naturelle de Lu kong ge et sa mauvaise humeur augmentée par le peu de succès de ses entreprises, le rendirent si insupportable à ses soldats, qu’ils désertaient en foule. Cham pi pi les recevait avec bonté, et en formait de nouvelles compagnies.

Les Tartares de leur côté, qui ne pouvaient plus souffrir un joug si dur, et qui entrevirent les projets ambitieux du général, se retirèrent. Enfin la désertion qui continuait de plus en plus chaque jour, effraya Lu kong ge : il se crut perdu, et dans le désespoir ou il était, il crut ne pouvoir mieux faire que de se donner à l’empereur de la Chine à certaines conditions. Il partit pour la cour, traita avec Sa Majesté impériale. Quoiqu’il ne pût obtenir tout ce qu’il demandait, il feignit d’être content, et se retira à Co tcheou, ville chinoise, où il passa tranquillement le reste de ses jours.

Pendant que l’ambitieux Lu kong ge s’était rendu le maître de presque toutes les forces de l’État, les princes du sang royal s’étaient retirés en différents quartiers du royaume, où ils avaient de petits domaines. Les uns avaient cherché un asile dans quelques forts qui leur appartenaient vers le Se tchuen, résolus de s’assujettir à l’empereur de la Chine, plutôt que de se soumettre à un usurpateur : d’autres s’étaient cantonnés dans leurs montagnes. Il y en eut, et des plus considérables, qui restèrent dans les terres qu’ils possédaient au voisinage du gouvernement de Cham pi pi. C’est ce qui produisit dans l’État une infinité de troubles, que la sagesse et la valeur de Cham pi pi et de son successeur ne purent jamais apaiser, et c’est ce qui ruina enfin cette monarchie.


951.

Quand les Tou fan divisés en différents partis, furent las de se battre, plusieurs des officiers et des soldats se réunirent auprès de Pan lo tchi prince de Lou cou, qui était dans les confins du département de Tchen tcheou que les enfants de Cham pi pi avaient conservé à leur nation. Lorsqu’ils se virent un chef du sang royal, ils formèrent bientôt un corps d’armée, et pour rétablir l’honneur de leur patrie par quelque expédition glorieuse, ils résolurent d’attaquer le roi de Hia.

Ce nouveau roi se disait Tartare, et originaire de Tou pa, qui est encore au pouvoir des Tou fan. Il s’était fait un État malgré les Chinois près du fleuve Hoang ho dont la capitale était Hia tcheou et qui s’appelle maintenant Ning hia. C’est de cette ville que ce nouveau royaume a été nommé Hia.

Les Tou fan avaient fort aidé ce prince dans son entreprise, mais ils se plai-