Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/163

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ce côté-là il y a un chemin de pierres pour la commodité de ceux qui tirent les barques. On trouve des canaux de distance en distance ; et dans les endroits où le rivage est bas et inondé, on a construit des ponts plats, faits de grandes pierres, posées trois à trois, et longues de sept à huit pieds chacune, qui forment une espèce de levée.

Environ à quatre lieues de Hoang tcheou nous passâmes au travers d’un village appelé Tan ci. Ce village est sur les deux rivages du canal, qui jusque-là depuis Hoang tcheou a ordinairement 15, 25 à 30 pas de largeur. Les deux bords sont très bien revêtus de pierres de taille, et forment deux quais longs chacun de quatre à cinq cents pas géométriques, ornés de doubles escaliers qui répondent à l’entrée de chaque maison pour la commodité de l’eau.

Les maisons sont mieux bâties que dans la ville, elles sont plus égales, et l’on dirait que c’est un seul corps de logis, qui s’étend et qui règne le long de chacun de ces quais. On trouve au milieu du village un beau pont à sept grandes arcades, dont celle du milieu a 45 pieds de largeur. Les autres sont aussi très larges, et vont en diminuant selon les deux talus du pont. On trouve encore deux ou trois grands ponts à une seule arcade, avec plusieurs canaux de côté et d’autre bordés de maisons. A deux lis de ce village, on voit une île au milieu du canal avec une pagode très propre.

Le 22 après avoir passé plusieurs ponts, nous trouvâmes que le canal se rétrécissait. Nous arrivâmes à une ville nommée Che men hien qui est à dix lieues de Hoang tcheou. Jusque là nous avons fait presque toujours le nord-est. Tout le pays est encore coupé de canaux avec des ponts : la campagne est plate, fort unie, sans montagnes, plantée de mûriers nains, à peu près comme nos vignobles, et remplie de maisons et de hameaux.

Le 23 nous arrivâmes à Kia hing fou. Nous trouvâmes en passant une belle pagode sur le bord du canal qui s’appelle San co ta, à cause de trois ta, ou tours à plusieurs étages, qui forment son entrée. On en voit un autre plus grand dans un des faubourgs du côté de l’orient.

Cette ville est grande, bien peuplée, très marchande, et a des faubourgs d’une grande étendue. On la compare à Ning po pour la grandeur, mais elle est plus belle et plus riche.

Le 24 nous partîmes de grand matin, et nous entrâmes dans un fort beau canal large de 25 à 30 pas, et dont les eaux sont fort nettes. Nous traversâmes un grand village nommé Ouan kiang king, qui s’étend fort au loin dans la campagne. On passe d’un côté à l’autre sur un pont à trois grandes arcades d’une très belle architecture : celle du milieu a 45 pieds de largeur, et est haute de plus de 20 pieds. Cet ouvrage paraît hardi, les pierres dont il est construit ont plus de cinq pieds de longueur.

Depuis trois ou quatre lieues en deçà de Hang tcheou le pays est plat, sans montagnes, et assez couvert pour former un beau paysage. Il n’y a