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semblable au filet qui se trouve dans le lys, sa couleur est ou violette, ou blanche, ou partie rouge et partie blanche. L’odeur en est très agréable : son fruit est gros comme une noisette, l’amande qu’il renferme est blanche et de bon goût ; les médecins en font cas, et jugent qu’elle nourrit et fortifie : c’est pourquoi ils en ordonnent à ceux qui sont faibles, ou qui après une grande maladie, ont de la peine à reprendre leurs forces. Ses feuilles sont longues et nagent sur l’eau : elles tiennent à la racine par de longues queues. Les jardiniers s’en servent pour envelopper les marchandises qu’ils vendent. Sa racine est noueuse comme celle des roseaux ; sa moelle et sa chair est très blanche. On en fait état et l’on s’en sert beaucoup, surtout en été, parce qu’elle est fort rafraîchissante. Il n’y a rien, comme on voit, dans cette plante qui ne soit utile, car on en fait même de la farine, qui s’emploie à différents usages.

La rivière de Kan kiang divise toute la province en deux parties, qui contiennent treize villes du premier ordre, et soixante et dix-huit villes, tant du second, que du troisième ordre.


Première ville capitale de la province.

NAN TCHANG FOU


C’est une des meilleures villes, qui soient situées au bord des belles rivières. Elle fut autrefois ruinée par les Tartares, dont elle refusa de subir le joug : ils y mirent le feu, et il n’en restait que les murailles. Mais on l’a rebâtie depuis.

L’enceinte de ses murs est moins grande, et le long du port, la rivière est assez profonde ; ce qui la rend très marchande, ce sont les canaux, les rivières, d’où on peut aborder de tous côtés. Elle n’est pas éloignée du grand lac Po yang. C’est au bout de ce lac que passe la rivière, qui vient de l’extrémité méridionale de la province, après en avoir ramassé presque toutes les eaux.

La porcelaine qui se fait dans le ressort de Iao tcheou fou, bâti sur le bord oriental du même lac, est la marchandise sur laquelle roule tout son commerce, et qui y attire un grand nombre de marchands de toutes les provinces ; car l’espèce de porcelaine qui se fait à Canton dans la province de Fo kien et en quelques autres endroits, n’est pas même tant estimée à la Chine, que la faïence l’est en Europe : les étrangers ne peuvent s’y méprendre, car elle est d’un blanc de neige qui n’a nul éclat, et n’est point mélangée de couleurs.

Il paraît que l’eau du lieu où l’on travaille la porcelaine, contribue à sa beauté et à sa bonté. On n’y réussit pas de même ailleurs, quoiqu’on y emploie de semblables matériaux. Ces matériaux ne se trouvent pas seulement sur les confins de cette province ; mais ils se trouvent encore dans un même endroit, sur les confins de la province de Kiang nan. Mais quelle est cette terre, et comment faut-il la travailler ? c’est ce qu’on