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montagne. La juridiction de cette ville contient sept villes du troisième ordre.


HOU TCHEOU FOU. Troisième ville.


Le grand lac, sur le bord duquel cette ville est située, lui a donné le nom de Hou tcheou qu’elle porte, car hou signifie lac. C’est une des plus grandes et des plus considérables villes de la Chine, par ses richesses, par son commerce, par la fertilité de ses terres, et par la beauté de ses eaux et de ses montagnes.

La quantité d’étoffes de soie qu’on y travaille, est inconcevable. Le tribut que paie seulement en étoffes une des villes de sa dépendance, nommée Te tsin hien, monte à cinq cent mille taëls ou onces d’argent. C’est aussi l’endroit de la Chine où l’on fait les meilleurs pinceaux à écrire. La récolte des feuilles de thé y est très abondante. Elle a dans son ressort une ville du second ordre et six du troisième.


NING PO FOU. Quatrième ville.


Ning po, que les Européens ont appelé Liam po, est un très bon port sur la mer orientale de la Chine, vis-à-vis du Japon, et une ville du premier ordre, qui en a quatre autres du troisième sous sa juridiction. Elle est située au confluent de deux petites rivières, lesquelles après leur jonction, forment le canal qui conduit à la mer. Ce canal peut porter des sommes, ou vaisseaux chinois de deux cents tonneaux. Une de ces rivières, que les Chinois nomment Kin, vient du côté du midi : l’autre nommée Yao, vient de l’ouest nord-ouest.

Ces rivières arrosent une plaine entourée presque de tous côtés de montagnes, qui en sont une espèce de bassin ovale, dont le diamètre de l’orient à l’occident, en tirant une ligne au travers de la ville, peut être de dix à douze mille toises : la toise chinoise est, comme je l’ai dit, de dix pieds ; celui du midi au septentrion est beaucoup plus grand.

La plaine, qui ressemble à un jardin, tant elle est unie et bien cultivée, est remplie de villages et de hameaux. Elle est coupée d’un grand nombre de canaux, formés des eaux qui tombent des montagnes. Le canal, sur lequel est une partie du faubourg de l’orient, va jusqu’aux pieds des montagnes, et se partage en trois bras : il peut avoir cinq à six mille toises de long, sur environ six à sept de large.

Dans cette étendue de chemin on compte soixante-six canaux à droite et à gauche du canal principal, dont plusieurs sont plus larges que ce canal. La multitude de ces eaux ménagées avec art, rend cette plaine très fertile, et lui fait porter deux moissons de riz. Outre le riz, on y sème du coton et des légumes. On y voit un grand nombre de ces arbres qui portent le suif.

L’air y est presque partout pur et sain, et le pays agréable et découvert.