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divers édifices qu’on y a construits. Ses montagnes distillent une liqueur bitumineuse, qu’ils appellent huile de pierre, et dont on se sert pour les lampes.

Le pays est riche en martres zibelines et en fourrures précieuses. On en tire aussi quantité de beau marbre, et de toutes les sortes. Presque partout on voit de ces arbrisseaux dont j’ai fait la description, qui produisent des fleurs, que les Grands de l’empire cultivent avec soin dans leurs jardins.


FONG TSIANG FOU. Troisième ville.


Un oiseau fabuleux, que les Chinois représentent avec une variété de couleurs admirables, et qu’ils peignent quelquefois sur leurs vêtements et sur leurs meubles, a donné le nom à cette ville, qui a sous sa juridiction une ville du second ordre et sept du troisième. Elle est grande, et les bâtiments en sont assez beaux. L’air y est tempéré et sain, tout le pays est bien cultivé, et rendu fertile, par les torrents, les ruisseaux, et les rivières.


HAN TCHONG FOU. Quatrième ville.


Cette ville est située sur la rivière de Han ; tout le pays qui en dépend, et qui consiste en deux villes du second ordre, et en quatorze autres villes du troisième, est arrosé de plusieurs bras de cette rivière. Elle est grande et peuplée ; les hautes montagnes et les forêts, dont elle est environnée, la rendent très forte, et lui servent de rempart. Les vallées en sont agréables, et fournissent abondamment tous les besoins de la vie.

On y trouve du miel et de la cire en quantité, beaucoup de musc et de cinabre. Les bêtes fauves y sont en grand nombre, surtout les cerfs, les daims, et les ours. Les pieds de ce dernier animal, surtout ceux de devant, sont pour les Chinois un mets délicieux.

Le chemin qu’on fit autrefois au travers des montagnes jusqu’à la capitale, a quelque chose de surprenant : plus de cent mille hommes furent employés à un ouvrage si extraordinaire, et il fut exécuté avec une promptitude incroyable. Ils égalèrent et aplanirent les montagnes, ils firent des ponts d’une montagne à l’autre, et lorsque les vallées étaient trop larges, ils y dressèrent des piliers pour les soutenir.

Ces ponts, qui sont une partie de ce chemin, sont en quelques endroits si hauts, qu’on ne voit qu’avec horreur le fond du précipice. Quatre cavaliers y peuvent marcher de front. Il y a des garde-fous des deux côtés de chaque pont pour la sûreté des voyageurs, et l’on a bâti à certaines distances des villages avec des hôtelleries pour leur commodité.

Il n’y a que dans le district de cette ville, et dans quelques cantons de la Tartarie, qu’on trouve un oiseau de proie fort rare nommé hai tsing. Il est comparable à nos plus beaux faucons pour la vivacité et le courage. Lorsqu’on prend quelqu’un de ces oiseaux, il est aussitôt destiné à la fauconnerie de l’empereur.