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KIN YANG FOU. Huitième ville.


On a toujours regardé cette ville à la Chine comme une place très propre à arrêter les incursions des Tartares. Les fossés qui l’environnent sont très profonds ; ses murailles sont également fortes. La rivière, dont elle est presque entourée, les divers forts élevés d’espace en espace, joints aux montagnes et aux rivières, dont elle est comme enfermée : tout cela en fait une place très forte, à la manière dont les Chinois ont accoutumé de fortifier leurs villes.

Les sources d’eaux et les rivières qui arrosent le pays, le rendent très fertile. On y trouve une certaine herbe nommée kin se, c’est-à-dire, soie dorée, qu’on regarde comme un excellent remède, et une espèce de fève, qui, à ce qu’on assure, est un spécifique admirable contre toutes sortes de venin. Cette ville n’a dans sa dépendance qu’une ville du second ordre, et quatre du troisième.


Ville célèbre du second ordre.
LAN TCHEOU


Quoique Lan tcheou ne soit qu’une ville du second ordre, et qu’elle dépende de la précédente, elle ne laisse pas de tenir un rang célèbre dans la province, parce que c’est la meilleure qui se trouve sur les bords du fleuve Jaune.

On ne peut pas dire que ce soit une grande ville ; cependant elle est la capitale de la partie occidentale de cette province, et le siège du gouverneur, parce que, vu sa situation, qui la rend voisine de la grande Muraille, et des principales portes de l’ouest, il est facile d’envoyer du secours aux soldats qui en défendent l’entrée.

Le commerce de cette ville se fait principalement en peaux qui viennent de la Tartarie par Si ning et To pa, par où il faut passer nécessairement, aussi bien qu’en étoffes de laine de plusieurs sortes : une espèce de sergette assez fine nommée cou jong, est la plus estimée : elle est presque aussi chère que le satin ordinaire, mais elle se gâte aisément, parce qu’on a de la peine à la défendre des vers ; on l’appelle co he lorsqu’elle est grossière.

On nomme pe jong une autre étoffe à poil court et abattu, qui est sujette au même inconvénient, et qui est aussi chère. Le mieou jong est fait de poil de vache : il est gros et presque aussi épais que la bure ; on en fait des habits propres à se défendre de la neige, car dans ce pays-là on n’a rien de meilleur.

On fait encore en quelque endroits de ces cantons une étoffe nommée tie he mien : elle est tissue de fil et de laine, et pourrait être comparer à notre droguet, si elle était aussi serrée et aussi fournie. Nonobstant tout ce commerce, Lan tcheou ne passe pas à la Chine pour une ville riche.