Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/356

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à ce monastère, dont on fait monter l’origine jusqu’à huit et neuf cents ans.

Le démon, qui est le singe des œuvres de Dieu, a ses pénitents, comme il a ses vierges et ses martyrs ; on prétend que le fondateur de ce monastère, dont le corps y est révéré, passa sa vie dans la plus affreuse austérité, et qu’un chaîne de fer qu’il portait, lui ayant pourri la chair, et s’y étant engendré des vers, il avait tant de soin de ménager ses souffrances, qu’il ramassait ces vers à mesure qu’ils tombaient de son corps, et les remettait en leur place, disant qu’il y avait encore de quoi ronger.

Les bonzes ses successeurs suivent mal ses exemples, car quoiqu’ils fassent profession de chasteté, on dit qu’ils s’abandonnent à toutes sortes de débauches. Autrefois le peuple qui allait chez eux en pèlerinage, se plaignait fort de leurs vols et de leurs brigandages mais à présent on y a mis ordre.


NAN HIONG FOU. Troisième ville.


C’est une grosse ville très marchande, et un des plus grands abords de l’empire : elle est située au pied d’une montagne, qui sépare la province de Quang tong de celle de Kiang si. Il en sort deux grosses rivières, dont l’une a son cours vers le midi, et l’autre vers le septentrion ; celle-ci se partage tellement en diverses branches, qu’elle ne perd rien de ses eaux, parce qu’elle s’enfle continuellement des chutes d’eau qui viennent des montagnes. Cette ville n’a sous sa juridiction que deux villes du troisième ordre. Entre Nan hiong, qui est la dernière ville de la province de Quang tong et Nan ngan, qui est la première de la province de Kiang si, se trouve une grande montagne nommée Mei lin, sur laquelle on fait un chemin assez extraordinaire. Le chemin qu’on fait d’une ville à l’autre, est d’environ dix lieues ; celui qu’on fait sur la montagne, est d’un peu plus d’une lieue ; il est bordé de précipices, mais comme il est assez large, on n’apprend point qu’il y soit arrivé aucun accident.

Du haut de la montagne la vue s’étend fort loin dans l’une et l’autre province : on y voit une espèce de temple bâti en l’honneur et à la mémoire du mandarin, qui a fait faire ce chemin admirable, et le plus célèbre de la Chine, parce que c’est le passage de tout ce qui vient de l’orient et du midi, ce qui le rend si fréquenté presque en tout temps, que les rues des grandes villes ne le sont guère davantage. Les marchands de diverses provinces y ont fait ériger tout récemment à leurs frais un monument de pierre, sur lequel ils ont fait graver l’éloge du viceroi qui avait soin des douanes de la province de Quang tong, et qui en fit diminuer considérablement les droits.


HOEI TCHEOU FOU. Quatrième ville.


Cette ville est presque environnée d’eau, et dans un pays dont les terres sont les meilleures de toute la province, et fertilisées par quantité