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KING VANG III. Vingt-cinquième empereur.
A régné quarante-quatre ans.


Confucius s’était déjà fait une grande réputation, et à sa suite trois mille disciples, dont soixante-douze étaient fort distingués par leur érudition ; et entre ceux-ci il en comptait dix, si consommés en toutes sortes de connaissances, qu’on les appelait par excellence, les dix philosophes.

La trente-huitième année du cycle, le grand mérite de Confucius l’éleva à la dignité de premier ministre du royaume de Lou, qui était sa patrie. Ses sages règlements changèrent en peu de temps la face de tout le pays : il réforma les abus qui s’y étaient glissés, et il rétablit la bonne foi dans le commerce ; il apprit aux jeunes gens à respecter les vieillards, et à honorer leurs parents jusqu’après leur mort. Il inspira aux personnes du sexe, la douceur, la modestie, et l’amour de la chasteté ; il fit régner parmi les peuples, la candeur, la droiture, et toutes les vertus.

L’amour de l’équité devint si générale, que lorsque quelque chose était tombée dans un chemin public, personne n’osait y toucher que celui à qui elle appartenait. Enfin il établit un si grand ordre et une si grande union dans toutes les parties de cet État, qu’on l’eût pris pour une famille bien réglée. Vers ce temps-là le roi de Tsi fut assassiné par son premier ministre, qui s’empara de la couronne. Cet usurpateur ne comptant pas trop sur la fidélité de ses nouveaux sujets, et redoutant la puissance du roi de Lou, chercha à gagner son amitié, et dressa en même temps un dangereux piège à sa venue.

Il lui rendit des terres que ses prédécesseurs avaient conquises, et lui fit présent d’une fille extrêmement belle, et dont la voix était charmante. Elle avait ordre de mettre en œuvre tous ses attraits et les artifices ordinaires de son sexe, pour inspirer de l’amour au roi de Lou.

Confucius employa toute son éloquence pour détourner son prince de recevoir un présent si pernicieux. La passion fut plus forte, et ce que le philosophe avait prévu, arriva. Le prince ne s’occupant plus que de l’objet de son amour, et des continuels divertissements qu’il lui procurait, abandonna le soin de son État, cessa de rendre la justice, méprisa les conseils des sages qu’il avait à sa cour et ne songea plus qu’à se livrer à ses plaisirs.

Confucius se démit aussitôt du ministère, et s’éloigna d’un royaume, où il ne pouvait plus maintenir le bon ordre, et les sages maximes qu’il y avait établies.

Cependant la plupart des princes tributaires étaient en guerre les