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à sa bienséance. Ces deux princes aimèrent mieux céder les places qu’on leur demandait si injustement, que d’exposer leurs sujets à une guerre qui ferait répandre des ruisseaux de sang.

Tchi siang, qui ne respirait que la guerre, crut qu’il y forcerait un autre de ses voisins, qui était le roi de Tchao, s’il lui envoyait faire les mêmes propositions qu’aux deux autres princes. Il se trompa ; le roi de Tchao renvoya l’ambassadeur, sans lui donner de réponse, et se prépara à une bonne défense ; il fit plus, il engagea les deux princes dépouillés des places qu’ils avaient été forcés d’accorder, de se joindre à lui, pour tirer vengeance de l’injuste usurpateur.

Toutes ces forces réunies, tombèrent sur l’armée de Tchi siang, qui fut entièrement défaite. On trouva Tchi siang parmi les morts. Le roi de Tchao entra triomphant dans cet État, dont il se rendit le maître, et extermina la race de son ennemi. Non content de cette vengeance, s’étant fait apporter le cadavre de Tchi siang, il lui fit couper la tête, et de son crâne, qui fut enduit de vernis, il en fit une coupe, dont il se servait pour boire.

Un des officiers de Tchi siang qui lui était le plus attaché, outré de l’affront qu’on faisait à la mémoire de son prince, essaya plusieurs fois de se glisser dans le palais du roi de Tchao pour l’assassiner mais il fut découvert, et mis à mort.

Il y eut une autre guerre entre les rois de Lou, et de Tsi. Le premier avait donné le commandement de son armée à un officier nommé Ou ki, plein de valeur et de courage. Ce brave général entra dans le royaume de Tsi, remporta une grande victoire sur les troupes qu’on lui opposa, et prit cinq places importantes. Il aurait poussé plus loin ses conquêtes, si le cours n’en eût pas été interrompu par la paix que firent les deux rois.

Cet officier était aussi sobre qu’il était vaillant : il vivait comme les soldats, partageait avec eux les fatigues de la guerre, et leur distribuait également le butin. Par là il inspirait une ardeur aux troupes, à laquelle il fut encore plus redevable de ses succès, qu’à sa bravoure.

La mort de l’empereur arriva la seizième année du cycle, et son fils Ngan vang lui succéda.


NGAN VANG. Trentième empereur.
A régné vingt-six ans.


L’histoire ne rapporte de cet empereur que les années de son règne : elle ne parle guère que des princes tributaires qui vivaient dans une indépendance, à laquelle il n’était pas aisé de remédier.