Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/53

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contentés de recouvrer différentes observations faites comme par hasard par des gens d’un génie et d’une habileté fort inégales ; de ramasser les mesures des grandes routes, qui ne sont presque jamais les mêmes d’une province à une autre ; de se fournir de relations des voyageurs, qui parlent presque toujours des distances sur le bruit commun ; et de ranger tout cela, partie sur quelques-unes de leurs observations, et partie sur des conjectures tirées des remarques des autres.

« Aussi ne doit-on pas s’étonner si Ptolomée même, le restaurateur de l’astronomie et de la géographie, a fait des fautes considérables, non seulement en parlant de la Chine, dont la capitale, selon lui, doit être à trois degrés de latitude australe ; mais encore par rapport à l’Afrique, si connue à Alexandrie, et à notre Europe, avec laquelle les Alexandrins avaient un commerce continuel.

« Ce n’est pas qu’il n’ait eu soin de ramasser les observations astronomiques de ceux qui l’avaient précédé, puisqu’il les cite, et qu’il les suit jusqu’à soutenir, ce qui passait alors pour un paradoxe, sur l’autorité de Pythéas, célèbre marseillais, que dans l’île de Thulé, où il était arrivé en allant des colonnes d’Hercule du sud au nord, le soleil au solstice d’été se levait peu après qu’il s’était couché.

« Ce n’est pas non plus que Ptolomée n’eût entre les mains les itinéraires les plus estimés, tel que celui qu’on attribue à l’empereur Antonin, sous le règne duquel il vivait, et qu’on prétend n’être qu’un abrégé des distances mesurées par ordre du Sénat dans