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les honora de titres distingués pendant leur vie et après leur mort.

Vang ngan che, un de ces nouveaux philosophes qui commençaient à donner dans l’athéisme, voyant que l’empereur dans un temps de sécheresse s’attristait, et tâchait d’apaiser la colère céleste par le jeûne, et par les fréquentes prières qu’il adressait au Ciel : « A quoi bon vous affliger ainsi, lui dit-il, qu’avez-vous à craindre du Ciel ? Sachez, prince, que tout ce qui arrive est l’effet du hasard, et que c’est inutilement que vous vous tourmentez de la sorte. » Fou pié, un des colaos le plus distingués, ne put soutenir ce langage : « Quelle doctrine osez-vous débiter, lui dit-il d’un ton ferme, si un empereur en était venu jusqu’à ne point respecter ni craindre le Ciel, de quels crimes ne serait-il pas capable ? »

Le même Vang ngan che s’efforça d’introduire beaucoup d’autres nouveautés dans l’empire ; mais le célèbre Sou ma quang, qui était dans la plus haute estime, s’opposa avec fermeté à toutes les entreprises de cet esprit téméraire et artificieux.


Cycle LVIII. Année de J. C. 1084.

L’année deuxième de ce cycle arriva la mort de Chin tsong, qui n’était âgé que de trente-huit ans. Son fils nommé Tche tsong fut son successeur.


TCHE TSONG. Septième empereur.
A régné quinze ans.


L’impératrice aïeule de ce prince, qui n’avait que dix ans lorsqu’il monta sur le trône, gouverna l’empire avec beaucoup de prudence ; mais elle ne vécut que huit ans, et quelques moments avant sa mort, elle appela les colaos, et leur ordonna de chasser du palais cette troupe inutile de ministres capables de corrompre le cœur du jeune prince. Son ordre venait trop tard, et c’est ce qu’elle eût dû faire elle-même, lorsqu’elle avait l’autorité en main.

Liu kong tchu ayant été élevé à la dignité de colao, présenta un mémorial à l’empereur, qui contenait les dix avis suivants, exprimés en vingt caractères. 1° Craignez le Ciel. 2° Aimez votre peuple. 3° Travaillez à votre perfection. 4° Appliquez-vous aux sciences. 5° Élevez aux charges des gens de mérite. 6° Écoutez volontiers les avis qu’on vous donne. 7° Diminuez les impôts. 8° Modérez la rigueur des supplices. 9° Évitez la prodigalité. 10° Ayez horreur de la débauche.

L’empereur répudia sa femme légitime ; sur quoi un de ses ministres lui en ayant fait des remontrances dans un placet qu’il lui présenta, le prince répondit qu’il avait suivi l’exemple de quelques-uns de ses ancêtres : « Vous eussiez mieux fait, répliqua le ministre,