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Cour, ou siège d’empereur. Il est naturel qu’un étranger se trompe dans des prononciations de mots, qu’il ne peut pas attraper aisément. C’est par cette raison qu’il a défigure les noms de plusieurs autres villes chinoises.

Le nouvel empereur fit publier qu’il maintenait dans leurs emplois et dans leurs dignités tous ceux qui les avaient possédés sous le règne précédent. Il y en eut plusieurs qui les refusèrent, et qui préférèrent une mort volontaire à une servitude honorable, entr’autres un colao nommé Ven tien sian, qui avait été fait prisonnier dans le combat sur mer.

On eut beau lui dire qu’il n’y avait plus d’espérance de rétablir la famille de Song qui était éteinte, qu’un homme sage devait céder aux conjonctures des temps, surtout lorsqu’il n’y avait plus de remède ; que l’empereur connaissait son mérite, et qu’il pouvait s’assurer de son estime et de sa confiance.

« Un fidèle ministre, répondit le colao, est attaché à son prince comme un fils l’est à son père : si son père est malade il emploie toutes sortes de remèdes pour le guérir ; si la force du mal l’emporte sur les remèdes, il ne cesse pas pour cela de faire de nouveaux efforts pour le soulager, parce qu’il ne doit pas cesser de remplir les devoirs de la piété filiale. Il n’ignore pas néanmoins que le Ciel ne soit le souverain arbitre de la vie de la mort. » C’est toute la réponse qu’on tira de ce colao et quelque chose qu’on lui dît, on ne put jamais vaincre sa résistance.

Après sa mort, on trouva sur sa ceinture ces deux sentences qu’il avait écrites. L’une qui est de Confucius, et que voici : Que le corps périsse, pourvu que la piété filiale se perfectionne. L’autre qui est de Mencius, était conçue en ces termes : La perte de la vie est peu de chose, lorsqu’il s’agit de conserver la justice. Ce colao mourut âgé de quarante-sept ans, et fut extrêmement regretté.

L’année troisième de son règne l’empereur forma une entreprise sur le Japon. Il y envoya une armée de cent mille hommes : mais cette expédition fut malheureuse, et il n’en revint que trois ou quatre pour en rapporter la nouvelle : tous les autres, ou firent naufrage, ou périrent dans les îles voisines.

La même année il fit brûler tous les livres de la secte de Tao, et il ordonna qu’il n’y aurait qu’un seul calendrier pour tout l’empire, qui se ferait à la cour, qu’on publierait chaque année, avec défense à tout particulier, sous peine de la vie, de travailler à cet ouvrage.

Quatre ans après arriva la mort de son fils unique qu’il avait nommé son héritier. Quoique ce prince laissât des enfants après lui, l’empereur ne put se consoler de cette perte.

Des mahométans ayant fait offrir à l’empereur une pierre précieuse de très grand prix, il défendit de l’acheter, et la raison qu’il apporta, c’est que l’argent qu’elle coûterait, serait bien plus utilement employé à soulager la misère des pauvres.