Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/129

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d’un autre caleçon de taffetas blanc ; et durant l’hiver, des haut-de-chausses de satin fourré de coton, ou de soie crue ; ou si c’est dans les pays septentrionaux, de peaux qui sont fort chaudes. Leur chemise qui est de différente toile selon les saisons, est fort ample et fort courte ; et pour conserver la propreté de leurs habits durant les sueurs de l’été, plusieurs portent immédiatement sur la chair, une espèce de rets de soie, qui empêche que leur chemise ne s’applique à la peau.

En été ils ont le col tout nu, ce qui nous paraît désagréable ; mais en hiver ils le couvrent d’un collet qui est, ou de satin, ou de zibeline, ou de peau de renard, et qui tient à la veste. En hiver, leur veste est fourrée de peaux de moutons ; d’autres la portent piquée seulement de soie et de coton. Les gens de qualité la doublent entièrement de ces belles peaux de zibeline, qui leur viennent de Tartarie ; ou bien de belles peaux de renard, avec un bord de zibeline ; si c’est au printemps ils les portent doublés d’hermine. Au-dessus de la veste, ils portent un surtout à manches larges et courtes, qui est doublé ou bordé de la même manière.


La couleur dans les habits n'est pas permise indifféremment.

Toutes les couleurs ne sont pas permises également à tout le monde ; il n’y a que l’empereur et les princes du sang, qui puissent porter des habits de couleur jaune. Le satin à fond rouge est affecté à certains mandarins, dans les jours de cérémonie. On s’habille communément en noir, en bleu, ou en violet. Le peuple est vêtu pour l’ordinaire de toile de coton teinte en bleu ou en noir.

Autrefois ils soignaient fort leurs cheveux, et ils étaient si jaloux de cet ornement, que lorsque les Tartares après la conquête de leur pays, les obligèrent de se raser la tête à la manière tartare, plusieurs aimèrent mieux perdre la vie, que d’obéir en ce point aux ordres de leurs conquérants, quoique ces nouveaux maîtres ne touchassent point aux autres usages de la nation. Ils ont donc maintenant la tête rasée, excepté par derrière, où au milieu, ils laissent croître autant de cheveux qu’il en faut, pour faire une longue queue cordonnée en forme de tresse.


Leur couverture de tête.

Ils se couvrent la tête en été d’une espèce de petit chapeau ou bonnet, fait en forme d’entonnoir : le dedans est doublé de satin, et le dessus est couvert d’un rotin travaillé très finement : à la pointe de ce bonnet est un gros flocon de crin rouge qui le couvre, et qui se répand jusque sur les bords. Ce crin est une espèce de poil très fin et très léger qui croît aux jambes de certaines vaches, et qui se teint en un rouge vif et éclatant ; c’est celui qui est le plus en usage, et dont tout le monde peut se servir.

Il y en a un autre que le peuple n’ose porter, et qui n’est propre qu’aux mandarins et aux gens de lettres.

Il est de la même forme que l’autre, mais fait de carton, entre deux satins, dont le dessous est d’ordinaire ou rouge, ou bleu ; et le dessus d’un satin blanc, couvert d’un gros flocon de la plus belle soie rouge, qui flotte irrégulièrement. Les gens de distinction se servent aussi du premier, quand il leur plaît, mais surtout lorsqu’ils vont à cheval, ou que le temps est mauvais, parce qu’il résiste à la pluie, et qu’il défend suffisamment du soleil, par devant et par derrière la tête.