Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/131

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tuiles sont toutes en demi canal, et fort épaisses ; on couche ces tuiles sur la partie convexe, et pour couvrir les fentes dans les endroits, où les côtés se touchent, on en met de nouvelles, mais renversées. Les chevrons et les pannes sont rondes ou carrées : sur les chevrons on couche des briques minces, et de la forme de nos grands carreaux, ou de petites planches de bois, ou des nattes de roseaux, sur quoi on met un enduit de mortier ; quand il est un peu sec on couche les tuiles : ceux qui sont en état de faire de la dépense, lient les tuiles avec de la chaux. Le commun se sert de mortier.


Détail des appartements.

Dans la plupart des maisons, après la première entrée il y a une salle exposée au midi, de la longueur d’environ 30 à 35 pieds ; derrière cette salle sont trois ou cinq chambres, qui vont d’orient en occident. Le milieu sert de salon intérieur ; le toit de la maison est porté sur des colonnes ; par exemple, si, la salle a 30 pieds de long, elle en aura au moins 15 de large, et le plus souvent 24 colonnes portent le toit sur le devant, un pareil nombre sur le derrière, et une de chaque côté ; chaque colonne est élevée sur des bases de pierre ; ces colonnes portent des poitrails de long, et entre deux colonnes ils mettent une pièce de bois en travers. Sur ces grandes poutres, et sur les deux colonnes qui sont aux côtés, ils posent d’autres pièces de bois qui portent le comble du toit ; après quoi ils commencent à bâtir les murailles. Les colonnes ont ordinairement dix pieds de haut.

La magnificence des maisons, selon le goût chinois, consiste d’ordinaire dans la grosseur des poutres, et des colonnes, dans le choix du bois le plus précieux, et dans la belle sculpture des portes. Ils n’ont point d’autres degrés, que ceux qui servent à élever un peu la maison au-dessus du rez-de-chaussée. Mais le long du corps de logis règne une galerie couverte, de la largeur de six à sept pieds, et revêtue de belles pierres de taille.

On voit plusieurs maisons, où les portes du milieu de chaque corps de logis se répondent ; ainsi l’on découvre d’abord en y entrant une longue suite de corps de logis. Chez les gens du commun les murailles sont faites de brique qui n’est pas cuite, mais par le devant elles sont incrustées de briques cuites : en certains endroits elles sont de terre battue entre deux ais : il y en a d’autres, où l’on ne se sert point de muraille ; ils ferment leurs maisons avec des claies, qu’ils enduisent de terre et de chaux. Mais chez les personnes de distinction les murailles sont toutes de briques polies, et souvent ciselées avec art.


Manière de bâtir dans les villages.

Dans les villages, surtout en quelques provinces, les maisons sont la plupart de terre et fort basses : le toit fait un angle si obtus, ou bien est tellement arrondi peu à peu, qu’il paraît plat : il est de roseaux couverts de terre, et soutenu par des nattes de petits roseaux qui portent sur des pannes, et sur des solives. Il y a des provinces, où au lieu de bois de chauffage on se sert de charbon de terre, ou bien de roseaux, ou de paille. Comme ils se servent de fourneaux dont la cheminée est fort étroite, et que quelquefois il n’y en a point qui donne issue à la fumée, si, outre la cuisine, on s’en sert dans la chambre, elle est bientôt empestée de cette odeur