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Canaux en grand nombre à la Chine.

La quantité de canaux qu’on voit à la Chine, a quelque chose de singulier ; ils sont souvent revêtus de côté et d’autre, même jusqu’à dix ou douze pieds de haut, de belles pierres de taille carrées, qui paraissent en plusieurs endroits être d’un marbre gris couleur d’ardoise.

Il y a de ces canaux dont les rives sont de vingt à vingt-cinq pieds de haut, de niveau de part et d’autre, de sorte qu’il faut un grand nombre de chapelets, pour en faire couler l’eau dans la campagne. On en voit qui vont plus de dix lieues en ligne droite, tel que celui qui va depuis Sou tcheou, jusqu’à Vou si hun.

Le canal qui est au nord-ouest de la ville de Hang tcheou, s’étend de même fort loin en ligne droite : il a partout plus de quinze toises de largeur : il est revêtu de part et d’autre de pierres de taille, et bordé de maisons aussi serrées que dans les rues de la ville, et aussi remplies de monde. Les deux bords du canal sont tout couverts de barques dans les endroits où le rivage est bas et inondé ; on a bâti des ponts plats faits de grandes pierres, posées trois à trois de sept à huit pieds de longueur chacune, en forme de levée.

Les grands canaux qui se trouvent en chaque province, déchargent leurs eaux à droite et à gauche dans plusieurs autres plus petits, qui forment ensuite un grand nombre de ruisseaux, lesquels se distribuent dans les plaines, et vont aboutir aux villages, et souvent à de grandes villes. D’espace en espace ils sont couverts d’une infinité de ponts, pour communiquer avec les terres ; ces ponts sont de trois, de cinq, ou de sept arches : celle du milieu a quelquefois 36 et même 45 pieds de largeur, et est fort élevée, afin que les barques y puissent passer sans abaisser leurs mâts ; celles des côtés n’en ont guère moins de trente, et vont en diminuant selon les deux talus du pont.

On en voit qui n’ont qu’une seule arche : les uns ont la voûte ronde et en demi cercle ; ces voûtes sont construites de pierres arquées, longues de cinq à six pieds, et épaisses de cinq à six pouces seulement. Il y en a qui sont anguleuses ou polygones.

Comme ces arches ont peu d’épaisseur par le haut, elles en sont plus faibles, mais aussi n’y passe-t-il point de charrettes ; car les Chinois ne se servent guère que de porte-faix pour porter leurs ballots ; On passe ces ponts en montant et descendant des escaliers plats et doux, dont les degrés ou marches n’ont pas trois pouces d’épaisseur.

On trouve de ces ponts qui au lieu d’arches ou de voûtes, ont trois ou quatre grandes pierres posées sur des piles en forme de planches : il y en a dont les pierres ont dix, douze, quinze, et dix-huit pieds de longueur : on en trouve un grand nombre qui sont bâtis très proprement sur le grand canal, et dont les piles sont si étroites, que les arches paraissent suspendues en l’air.

On ne sera pas fâché de savoir de quelle manière les ouvriers chinois construisent leurs ponts. Après avoir maçonné des culées, quand le pont doit être d’une seule arche, ou levé des piles, quand il en doit avoir plusieurs, ils choisissent des pierres de quatre à cinq pieds de long, sur un demi