Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/18

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et tous les princes, les seigneurs, les premiers officiers de l’armée et de la couronne et les mandarins de tous les tribunaux, allèrent se prosterner à ses pieds jusqu’à trois fois, et à chaque génuflexion frappèrent la terre du front, et firent les neuf révérences accoutumées.


Cérémonies des hommages de tous les peuples.

Rien n’était si magnifique que la grande cour où se fit cette cérémonie. Tous les mandarins occupaient les deux côtés, vêtus d’habits de soie à fleurs d’or en forme de roses : cinquante portaient de grands parasols de brocard d’or et de soie avec leurs bâtons dorés, et s’étant rangés 25 d’un côté, et 25 de l’autre sur les ailes du trône, ils avaient à leurs côtés trente autres officiers, avec de grands éventails en broderie d’or et de soie. Près de ceux-ci étaient 28 grands étendards, semés d’étoiles d’or en broderie, avec de grands dragons et la figure de la nouvelle lune, de la pleine lune, et de la lune en décours, et selon toutes les phases et apparences différentes, pour marquer les 28 mansions qu’elle a dans le ciel, et ses conjonctions et oppositions diverses avec le soleil, qui se font dans des intersections de cercles, que les astronomes nomment nœuds, ou tête et queue de dragons. Cent autres étendards suivaient ceux des mansions de la lune, et tous les autres portaient des masses d’armes, des haches, des marteaux d’armes, et d’autres semblables instruments de guerre ou de cérémonie, avec des têtes bizarres de monstres et d’animaux.

L’autorité n’a jamais été si absolue que sous ce monarque : pendant un des plus longs règnes qu’on ait vu, il ne fut pas seulement pour les peuples de l’Asie un objet de vénération ; son mérite et la gloire de son règne pénétrèrent encore au-delà de ces vastes mers qui nous séparent de son empire, et lui attirèrent l’attention et l’estime de toute l’Europe. C’est lui qui vint à bout de réunir la Chine et les deux Tartaries en un seul État, et de ranger sous sa domination une étendue immense de pays, qui n’est coupé nulle part par les terres d’aucun prince étranger.


Réunit la Chine et les deux Tartaries en un seul état.

Les Tartares occidentaux étaient les seuls qui pouvaient troubler la tranquillité de son règne ; mais partie par force, partie par adresse, il les obligea d’aller demeurer à trois cents mille au-delà de la grande muraille, où leur ayant distribué des terres et des pâturages, il établit à leur place les Tartares ses sujets. Enfin il divisa cette vaste étendue de pays en plusieurs provinces qui lui furent soumises et tributaires. Il les retint encore dans le devoir par le moyen des lamas qui ont tout pouvoir sur l’esprit des Tartares, et que les peuples adorent presque comme des divinités.


Sa politique

À cette adresse politique ce prince en joignit une autre, ce fut qu’au lieu que ses prédécesseurs demeuraient dans leur palais, où ils étaient, comme dans un sanctuaire, invisibles à leurs peuples, lui au contraire en sortait trois fois l’année pour des voyages, ou pour les parties de chasse semblables à des expéditions militaires.


Exercice des troupes à la chasse.

Dès qu’il eut établi une paix solide dans ses vastes États, il rappela les meilleures troupes des diverses provinces où elles étaient dispersées, et de temps en temps, pour empêcher que le luxe et le repos n’amollit leur courage, il partait pour la Tartarie, et leur faisait faire de longues et pénibles marches ; elles étaient armées de flèches et de cimeterres, dont elles ne se servaient