Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qualité, et dont on ne trouve des exemples que parmi le peuple ; si un homme sans être autorisé par la loi, s’avisait de vendre sa femme ; et lui, et celui qui l’aurait achetée, de même que ceux qui y auraient coopéré par leur entremise, seraient très sévèrement punis.

Il y a d’autres occasions où l’on ne peut contracter un mariage, et où s’il avait été contracté, il devient absolument nul.

1° Si une fille a été promise à un jeune homme, de telle sorte que les présents aient été envoyés et acceptés par les parents des deux familles, elle ne peut plus se marier à un autre.

2° Si l’on a usé de supercherie, comme par exemple, si à la place d’une belle personne, qu’on avait fait voir à l’entremetteuse, on en substituait une autre d’une figure désagréable ; ou si l’on mariait la fille d’un homme libre avec son esclave ; ou bien si celui qui donnerait son esclave à une fille libre, persuadait aux parents de la fille, qu’il est son fils, ou son parent ; le mariage est déclaré nul, et tous ceux qui ont trempé dans cette fraude, sont rigoureusement châtiés.

3° Il n’est pas permis à un mandarin de lettres de s’allier à aucune famille de la province, ou de la ville dont il est gouverneur, et s’il lui arrivait de transgresser cette loi, non seulement le mariage serait nul, mais il serait condamné à une rude bastonnade.

4° Dans le temps du deuil de la mort d’un père et d’une mère, tout mariage est interdit à leurs enfants. Si les promesses s’étaient faites avant cette mort, l’engagement cesse, et le jeune homme qui a fait une semblable perte, doit en avertir par un billet les parents de la fille qui lui était promise : ceux-ci ne se tiennent point dégagés pour cette raison : ils attendent que le temps du deuil soit expiré, et ils écrivent à leur tour au jeune homme, pour le faire ressouvenir de son engagement ; s’il n’écoute pas la proposition, la fille est libre, et peut être mariée à un autre.

Il en est de même, s’il arrivait quelque affliction extraordinaire dans la famille, comme si, par exemple, le père ou un proche parent était emprisonné : le mariage n’est pas permis, à moins que le prisonnier n’y donne son agrément, et alors on ne fait point le festin des noces, et l’on s’abstient de tous les témoignages de joie, qui se donnent en de pareilles occasions.

5° Enfin les personnes qui sont d’une même famille, ou qui portent le même nom, quelque éloigné que soit leur degré d’affinité, ne peuvent se marier ensemble. Ainsi les lois ne permettent pas à deux frères d’épouser les deux sœurs, ni à un homme veuf de marier son fils avec la fille de la veuve qu’il épouse.

Si la police chinoise a eu tant de soin de régler les cérémonies, qui doivent accompagner les fonctions publiques et particulières, de même que tous les devoirs de la vie civile , et si le cérémonial entre sur cela dans les plus grands détails, il n’a eu garde d’oublier les devoirs de la piété filiale, sur laquelle, comme je l’ai dit plus d’une fois, toute la forme du gouvernement chinois est appuyée. Les jeunes gens témoins du respect et de la vénération à l’égard des parents défunts, par les honneurs qu’on ne cesse pas