Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/215

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perdre la flèche, et de tirer le poisson lorsqu’il a été percé ; dans d’autres endroits il y en a en si grande quantité dans la bourbe, que des hommes dans l’eau jusqu’à la ceinture, les percent avec un trident, et les tirent.


Des fruits.

Si les rivières et les lacs sont si fertiles en toutes sortes de poissons, la terre ne l’est pas moins par la multitude et la diversité des fruits qu’elle porte. On y mange des poires, des pommes, des pêches, des abricots, des coings, des figues, des raisins, et principalement une espèce de fort bons muscats ; on y voit des noix, des prunes, des cerises, des châtaignes, des grenades, et presque tous les autres fruits qui se trouvent en Europe, sans parler de plusieurs autres qui ne s’y trouvent pas.

Cependant il faut avouer que tous ces fruits, à la réserve de ces muscats, et des grenades, ne peuvent se comparer aux nôtres, parce que les Chinois n’ont pas, comme en Europe, l’art et le soin de cultiver les arbres, pour en corriger ou perfectionner le goût. Ils ont trop besoin de leurs terres pour le riz et le froment ; leurs pêches néanmoins ne sont guère moins bonnes que les nôtres ; il y en a même une espèce qui est meilleure. En quelques endroits elles ne sont pas saines. Il faut en manger sobrement, parce qu’elles causent une dysenterie qui est très dangereuse à la Chine. Leurs abricots ne seraient pas mauvais, si on leur laissait le temps de mûrir sur l’arbre.

C’est de la Chine que nous sont venus les oranges, mais nous n’en avons eu que d’une seule espèce et il y en a plusieurs sortes qui sont excellentes ; il y en a une espèce qu’on estime : elles sont petites, et ont la peau fine, unie, et très douce ; il vient dans la province de Fo kien une sorte d’oranges qui sont d’un goût admirable. Elles sont grosses, et la peau est d’un beau rouge ; les Européens disent communément, qu’un plat de ces oranges, figurerait à merveille sur les premières tables de l’Europe. On en mange à Canton de plus grosses, qui sont jaunes, fort agréables au goût, et fort saines ; on en donne même aux malades après les avoir ramollis sous la cendre chaude, les avoir coupées en deux, et les avoir remplies de sucre qui s’y incorpore ; on tient que l’eau qui en sort, est très salutaire à la poitrine. Il y en a d’autres qui ont un goût aigre, et dont les Européens se servent pour assaisonner les viandes.

Les limons et les citrons sont très communs : dans quelques provinces méridionales, il y en vient de gros auxquels on ne touche guère : ils ne servent que d’ornements dans les maisons : on en met sept ou huit sur un plat de porcelaine et c’est uniquement pour divertir la vue et flatter l’odorat : ils sont cependant excellents en confiture.

Une autre espèce de limon, qui n’est pas plus gros qu’une noix, et qui est rond, vert, et aigre, est aussi très estimé, et passe pour admirable dans les ragoûts : l’arbre qui les porte, se met quelquefois dans des caisses, et sert dans les maisons à orner les cours ou les salles.

Outre les melons semblables à ceux que nous avons en Europe, la Chine en a encore deux espèces différentes : les uns qui sont fort petits, jaunes au