Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/217

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

auprès, si l’on n’avait la précaution de tenir tout proche un vase plein d’eau. La fumée s’y attache de telle sorte, que l’eau à la longue prend une odeur aussi désagréable que celle de la fumée même.

Les cuisiniers des Grands et des mandarins s’en servent d’ordinaire, de même que les artisans, comme sont les forgerons, les traiteurs, les teinturiers, les serruriers, etc. Ceux-ci néanmoins trouvent qu’il rend le fer cru ; il est encore d’un grand usage pour ces fours qu’on nomme en Italie fours à vent, et où on fond le cuivre. Il y a de ces mines de charbon dans de hautes montagnes peu éloignées de Peking, on dirait qu’elles sont inépuisables : depuis le temps qu’on s’en sert dans une si grande ville, et dans toute la province, on n’en a jamais manqué : cependant il n’y a point de famille, quelque pauvre qu’elle soit, qui n’ait un fourneau échauffé par ce charbon, lequel entretient le feu beaucoup plus longtemps que ne ferait le charbon de bois.


Des jardins.

Leurs jardins potagers sont bien fournis d’herbes, de racines, et de légumes de toutes les sortes : outre les espèces que nous avons, ils en ont beaucoup d’autres que nous ne connaissons point, et qui sont encore plus estimables que les nôtres ; ils les cultivent avec grand soin, et c’est avec le riz presque tout ce qui fait la nourriture du peuple. Il y a une infinité de chariots et de bêtes de charge, qui entrent tous les matins à Peking, pour y porter des herbes et des légumes.


Du sel.

Comme il serait difficile de transporter du sel des côtes de la mer, dans les parties occidentales qui joignent la Tartarie, la Providence a pourvu admirablement à ce besoin. Outre les puits d’eau salée qu’on trouve en certaines provinces, il y a d’autres endroits où l’on voit une terre grise, répandue par arpents dans divers cantons, qui fournit une prodigieuse quantité de sel.

La manière dont ce sel se tire de la terre est remarquable. On unit d’abord cette terre comme une glace, et l’on l’élève un peu en talus, afin d’empêcher que les eaux ne s’y arrêtent. Quand le soleil en a séché la surface, et qu’elle paraît toute blanche des particules de sel qui y sont attachées, on l’enlève, et on la met en divers monceaux, qu’on a soin de bien battre de tous côtés, afin que la pluie puisse s’y insinuer : ensuite on étend cette terre sur de grandes tables un peu penchées, et qui ont des bords de quatre ou cinq doigts de hauteur ; puis on verse dessus une certaine quantité d’eau douce, laquelle pénétrant partout, entraîne en s’écoulant toutes les particules de sel dans un grand vase de terre, où elle tombe goutte à goutte par un petit canal fait exprès.

Cette terre ainsi épurée, ne devient pas pour cela inutile, on la met à quartier : au bout de quelques jours, quand elle est sèche, on la réduit en poussière, après quoi on la répand sur le terrain d’où elle a été tirée ; elle n’y a pas demeuré sept à huit jours, qu’il s’y mêle comme auparavant, une infinité de particules de sel, qu’on tire encore une fois de la manière que je viens d’expliquer.

Tandis que les hommes travaillent ainsi à la campagne, les femmes avec