Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/220

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de petits bouquets blancs, qu’on prendrait de loin pour autant de bouquets de fleurs. Le suif dont ce fruit est couvert, étant écrasé dans la main, se fond, et rend une odeur de graisse qui approche de celle du suif ordinaire.

Avant que ce fruit soit parvenu à sa maturité, il paraît rond ; et c’est apparemment ce qui a fait dire au père Martini qu’il était de figure ronde, à moins que ce Père n’en ayant peut-être examiné que quelques-uns, qui n’étaient pas parfaits dans leur espèce, et qui n’avaient qu’un seul noyau, ait cru que c’était là leur figure naturelle ; car effectivement on en trouve qui étant défectueux, et n’ayant qu’un ou deux noyaux, n’ont pas la figure naturelle qu’ils devraient avoir.

Le noyau dont la coque est assez dure, contient une espèce de petite noisette de la grosseur d’un gros grain de chènevis, laquelle est fort huileuse : elle est enveloppée d’une tunique brune. Les Chinois en font de l’huile à brûler dans la lampe, de même qu’ils font des chandelles de ce suif, dont les noyaux sont couverts.

Les chandelles qu’ils en font, sont comme le tronçon d’un cône qu’ils commencent à brûler par la base, et dont la mèche est un petit roseau creux, ou un petit bâton, autour duquel on a roulé un fil de coton, ou bien de la moelle d’un petit jonc de la même grosseur (ce jonc sert aussi de mèche dans la lampe) ; l’un des bouts de ce roseau ou de ce petit bâton sert à allumer la chandelle, et l’autre à la mettre sur le chandelier, dont on doit faire entrer une pointe dans le bas du roseau.

Cette sorte de chandelle est dense et pesante, et se fond aisément dans la main quand on la touche : elle rend une flamme assez claire, mais un peu jaunâtre, et comme cette mèche est solide, et qu’en brûlant elle se change en charbon dur, elle n’est pas facile à moucher : on se sert de ciseaux faits exprès pour cet usage.

On tire le suif de ce fruit en cette manière : on le pile tout entier, c’est-à-dire la coque avec la noisette, et on le fait bouillir dans de l’eau, puis on ramasse toute la graisse, ou l’huile qui surnage : cette graisse se fige comme du suif en se refroidissant. Sur dix livres, on en met quelquefois trois d’huile de lin ou de gergelin, et un peu de cire pour donner du corps à cette masse, dont on fait de la chandelle qui est très blanche : on en fait aussi de rouge, en y mêlant du vermillon.


Du coton et de l'arbrisseau qui le produit.

L’arbrisseau qui produit le coton, est l’un des plus utiles qui se trouvent à la Chine : le jour même que les laboureurs chinois ont moissonné leurs grains, ils sèment le coton dans le même champ, et se contentent de remuer avec un râteau la surface de la terre.

Quand cette terre a été humectée par la pluie, ou par la rosée, il se forme peu à peu un arbrisseau, de la hauteur de deux pieds : les fleurs paraissent au commencement ou vers le milieu du mois d’août : d’ordinaire elles sont jaunes, et quelquefois rouges. À cette fleur succède un petit bouton, qui croît en forme de gousse, de la grosseur d’une noix.