Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/233

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est sec, il n’y reste que la peau toute ridée qui se colle sur les noyaux : elle devient alors d’un rouge obscur et presque noir.

Au reste cette plante tombe et renaît tous les ans. On connaît le nombre de ses années par le nombre de tiges qu’elle a déjà poussées, dont il reste toujours quelque trace ; comme on le voit marqué dans la figure, par les petits caractères b. b. b. par là on voit que la racine A était dans sa septième année, et que la racine H était dans sa quinzième.

Au regard de la fleur, comme je ne l’ai pas vue, je ne puis pas en faire la description : quelques-uns m’ont dit qu’elle était blanche et fort petite. D’autres m’ont assuré que cette plante n’en avait point, et que personne n’en avait jamais vu. Je croirais plutôt qu’elle est si petite et si peu remarquable, qu’on n’y fait pas d’attention ; et ce qui me confirme dans cette pensée, c’est que ceux qui cherchent le gin seng n’ayant en vue que la racine, méprisent et rejettent d’ordinaire tout le reste comme inutile.

Il y a des plantes, qui outre le bouquet des fruits que j’ai décrit ci-dessus, ont encore un ou deux fruits tout à fait semblables aux premiers, situés à un pouce ou à un pouce et demi au-dessous du bouquet : et alors on dit qu’il faut bien remarquer l’aire de vent que ces fruits indiquent, parce qu’on ne manque guère de trouver encore cette plante à quelques pas de là sur ce même rhumb, ou aux environs. La couleur du fruit, quand il y en a, distingue cette plante de toutes les autres, et la fait remarquer d’abord : mais il arrive souvent qu’elle n’en a point, quoique la racine soit fort ancienne. Telle était celle que j’ai marquée dans la figure par la lettre H., qui ne portait aucun fruit, bien qu’elle fut dans sa quinzième année.

Comme on a eu beau semer la graine, sans que jamais on l’ait vu pousser, il est probable que c’est ce qui a donné lieu à cette fable qui a cours parmi les Tartares. Ils disent qu’un oiseau la mange dès qu’elle est en terre, que ne la pouvant digérer, il la purifie dans son estomac et qu’elle pousse ensuite dans l’endroit où l’oiseau la laisse avec sa fiente. J’aime mieux croire que ce noyau demeure fort longtemps en terre avant que de pousser aucune racine : et ce sentiment me paraît fondé sur ce qu’on trouve de ces racines qui ne sont pas plus longues, et qui sont moins grosses que le petit doigt, quoiqu’elles aient poussé successivement plus de dix tiges en autant de différentes années.

Quoique la plante que j’ai décrite eût quatre branches, on en trouve néanmoins qui n’en ont que deux, d’autres qui n’en ont que trois ; quelques-unes en ont cinq, ou même sept ; et celles-ci sont les plus belles. Cependant chaque branche a toujours cinq feuilles, de même que celle que j’ai dessinée, à moins que le nombre n’en ait été diminué par quelque accident. La hauteur des plantes est proportionnée à leur grosseur et au nombre de leurs branches ; celles qui n’ont point de fruits, sont d’ordinaire petites et fort basses.

La racine la plus grosse, la plus uniforme, et qui a moins de petits liens,