Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/234

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est toujours la meilleure. C’est pourquoi celle qui est marquée par la lettre H l’emporte sur l’autre. Je ne sais pourquoi les Chinois l’ont nommée gin seng, qui veut dire, représentation de l’homme : je n’en ai point vu qui en approchât tant soit peu, et ceux qui la cherchent de profession, m’ont assuré qu’on n’en trouvait pas plus qui eussent de la ressemblance avec l’homme, qu’on en trouve parmi les autres racines, qui ont quelquefois par hasard des figures assez bizarres. Les Tartares l’appellent avec plus de raison orhota, c’est-à-dire, la première des plantes.

Au reste, il n’est pas vrai que cette plante croisse dans la province de Pe tche li, sur les montagnes de Yung pin fou, comme le dit le père Martini sur le témoignage de quelques livres chinois. On a pu aisément s’y tromper, parce que c’est là qu’elle arrive quand on l’apporte de Tartarie à la Chine. Ceux qui vont chercher cette plante, n’en conservent que la racine, et ils enterrent dans un même endroit tout ce qu’ils en peuvent amasser durant dix ou quinze jours. Ils ont soin de bien laver la racine, et de la nettoyer en ôtant avec une brosse tout ce qu’elle a de matière étrangère. Ils la trempent ensuite un instant dans de l’eau presque bouillante, et la font sécher à la fumée d’une espèce de millet jaune, qui lui communique un peu de sa couleur.

Le millet renfermé dans un vase avec un peu d’eau, se cuit à un petit feu : les racines couchées sur de petites traverses de bois au-dessus du vase, se sèchent peu à peu sous un linge ou sous un autre vase qui les couvre. On peut aussi les sécher au soleil, ou même au feu : mais bien qu’elles conservent leur vertu, elles n’ont pas alors cette couleur, que les Chinois aiment. Quand ces racines sont sèches, il faut les tenir renfermées dans un lieu qui soit aussi bien sec, autrement elles seraient en danger de se pourrir, ou d’être rongées des vers.


Bêtes fauves de toutes les espèces de la Chine.

Pour ce qui est des animaux, outre ceux dont j’ai déjà parlé, il y a à la Chine quantité de bêtes fauves de toutes les sortes ; on y voit des sangliers, des tigres, des buffles, des ours, des chameaux, des cerfs, des rhinocéros, etc, mais on n’y voit point de lions. Comme ces sortes de bêtes sont assez connues, je ne parlerai que de deux autres qui sont plus particulières à la Chine, et qu’on ne voit guère en d’autres pays.


Des chameaux.

La première espèce d’animaux singuliers bien différents de ceux qu’on connaît en Europe, sont des chameaux extraordinaires, qui ne sont pas plus hauts que le sont nos chevaux. Ils ont deux bosses sur le dos, couvertes de longs poils, qui forment comme une selle. La bosse de devant semble être formée par l’épine du dos, et par la partie supérieure des omoplates ; elle est recourbée en arrière, et ressemble assez à cette bosse que les bœufs des Indes ont sur les épaules ; l’autre bosse est placée au-devant de la croupe : cet animal n’est pas si haut en jambes à proportion que les chameaux ordinaires, il a aussi le col plus court, beaucoup plus gros, et couvert d’un poil épais, et long comme celui des chèvres : il y en a qui