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Du commerce des Chinois.


Les richesses particulières de chaque province de l’empire, et la facilité du transport des marchandises, que procure la quantité de rivières et de canaux dont il est arrosé, y ont rendu de tout temps le commerce très florissant. Celui qui se fait au dehors, ne mérite presque pas d’attention ; les Chinois qui trouvent chez eux, tout ce qui est nécessaire à l’entretien et aux délices même de la vie, ne vont guère que dans quelques royaumes peu éloignés de leur pays.

Leurs ports, sous les empereurs de leur nation, furent toujours fermés aux étrangers : mais depuis que les Tartares sont devenus les maîtres de la Chine, ils les ont ouverts à toutes les nations. Ainsi pour donner une connaissance entière du commerce des Chinois, il faut parler de celui qui se fait au dedans de leur empire, de celui qu’ils font au dehors, et enfin de celui que les Européens vont faire chez eux.


Du commerce du dedans de l’empire.

Le commerce qui se fait dans l’intérieur de la Chine est si grand, que celui de l’Europe entière ne doit pas lui être comparé. Les provinces sont comme autant de royaumes, qui se communiquent les unes aux autres ce qu’elles ont de propre ; et c’est ce qui unit entr’eux tous ces peuples, et qui porte l’abondance dans toutes les villes.

Les provinces de Hou quang et de Kiang si fournissent le riz aux provinces qui en sont le moins pourvues. La province de Tche kiang fournit la plus belle soie ; celle de Kiang nan le vernis, l’encre, et les plus beaux ouvrages en toutes sortes de matières. Celles de Yun nan, de Chen si, de Chan si, le fer, le cuivre, et plusieurs autres métaux, les chevaux, les mulets, les chameaux, les fourrures etc. Celle de Fo kien le sucre, et le meilleur thé ; celle de Se tchuen les plantes, les herbes médicinales, la rhubarbe, etc. et ainsi de toutes les autres ; car il n’est pas possible de rapporter en détail les richesses particulières de chaque province.

Toutes ces marchandises qui se transportent aisément sur les rivières, se débitent en très peu de temps. On voit par exemple des marchands, qui trois ou quatre jours après leur arrivée dans une ville, ont vendu jusqu’à six mille bonnets propres de la saison. Le commerce n’est interrompu qu’aux deux premiers jours de leur première lune, qu’ils emploient aux divertissements, et aux visites ordinaires de leur nouvelle année. Hors de là tout est en mouvement dans toutes les villes et à la campagne. Les mandarins même ont leur part au négoce, et il y en a plusieurs d’entr’eux qui donnent leur argent à des marchands affidés, pour le faire valoir par la voie du commerce.

Enfin il n’y a pas jusqu’aux familles les plus pauvres, qui avec un peu d’économie trouvent le moyen de subsister aisément de leur trafic. On voit