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la porcelaine, qui se trouve ensuite toute semée de petits points rouges. Cette sorte de porcelaine est encore plus chère et plus rare que la précédente, parce que l’exécution en est plus difficile, si l’on veut garder toutes les proportions requises.


Manière d'applique le bleu sur la porcelaine.

On souffle le bleu de même que le rouge contre la porcelaine, et il est beaucoup plus aisé d’y réussir. Les ouvriers conviennent que si l’on ne plaignait pas la dépense, on pourrait de même souffler de l’or et de l’argent sur de la porcelaine, dont le fond serait noir ou bleu ; c’est-à-dire, y répandre partout également une espèce de pluie d’or, ou d’argent. Cette sorte de porcelaine qui serait d’un goût nouveau, ne laisserait pas de plaire. On souffle aussi quelquefois le vernis ; il y a quelque temps qu’on fit pour l’empereur des ouvrages si fins et si déliés, qu’on les mettait sur du coton, parce qu’on ne pouvait manier des pièces si délicates, sans s’exposer à les rompre ; et comme il n’était pas possible de les plonger dans le vernis, parce qu’il eût fallu les toucher de la main, on soufflait le vernis, et on en couvrait entièrement la porcelaine.

J’ai remarqué qu’en soufflant le bleu, les ouvriers prennent une précaution, pour conserver la couleur, qui ne tombe pas sur la porcelaine, et n’en perdre que le moins qu’il est possible. Cette précaution est de placer le vase sur un piédestal, d’étendre sous le piédestal une grande feuille de papier, qui sert durant quelque temps. Quand l’azur est sec, ils le retirent, en frottant le papier avec une petite brosse.


De la composition des couleurs.

Mais pour mieux entrer dans le détail de la manière dont les peintres chinois mélangent leurs couleurs, et en forment de nouvelles, il est bon d’expliquer quelle est la proportion et la mesure des poids de la Chine.

Le kin, ou la livre chinoise, est de seize onces, qui s’appellent leangs, ou taels.

Le leang, ou tael, est une once chinoise.

Le tsien, ou le mas, est la dixième partie du leang ou tael.

Le fuen est la dixième partie du tsien, ou du mas.

Le ly est la dixième partie du fuen.

Le hao est la dixième partie du ly.

Cela supposé, voici comment se compose le rouge qui se fait avec de la couperose, appelée tsao fan et qui s’emploie sur les porcelaines recuites : sur un tael ou leang de céruse, on met deux mas de ce rouge : on passe la céruse et le rouge par un tamis et on les mêle ensemble à sec : ensuite on les lie l’un avec l’autre avec de l’eau empreinte d’un peu de colle de vache, qui se vend réduite à la consistance de la colle de poisson. Cette colle fait qu’en peignant la porcelaine, le rouge s’y attache, et ne coule pas. Comme les couleurs, si on les appliquait trop épaisses, ne manqueraient pas de produire des inégalités sur la porcelaine, on a soin de temps en temps de tremper d’une main légère le pinceau dans l’eau, et ensuite dans la couleur dont on veut peindre.

Pour faire de la couleur blanche, sur un leang de céruse, on met trois