Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/289

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lui donne cette huile, elle paraîtra également coupée de marbrée, lorsque la couleur sera sèche.

On m’a montré une espèce de porcelaine, que j’ai vu pour la première fois, et qui est maintenant à la mode. Sa couleur tire sur l’olive, on lui donne le nom de Long tsiuen : j’en ai vu qu’on nommait Tsing ko ; c’est le nom d’un fruit qui ressemble assez aux olives. On donne cette couleur à la porcelaine, en mêlant sept tasses de vernis tsi kin avec quatre tasses de pe yeou, deux tasses ou environ d’huile de chaux et de cendres de fougères, de une tasse de tsoui yeou, qui est une huile faite de cailloux. Le tsou yeou fait apercevoir quantité de petites veines sur la porcelaine : quand on l’applique tout seul, la porcelaine est fragile, et n’a point de son lorsqu’on la frappe ; mais quand on la mêle avec les autres vernis, elle est coupée de veines, elle résonne, et n’est pas plus fragile que la porcelaine ordinaire.

On m’a apporté une autre pièce de porcelaine, qu’on nomme yao pien, ou transmutation. Cette transmutation se fait dans le fourneau, et est causée ou par le défaut, ou par l’excès de chaleur, ou bien par d’autres causes, qu’il n’est pas facile de conjecturer. Cette pièce qui n’a pas réussi selon l’idée de l’ouvrier, et qui est l’effet du pur hasard, n’en est pas moins belle, ni moins estimée. L’ouvrier avait dessein de faire des vases de rouge soufflé : cent pièces furent entièrement perdues : celle dont je parle, sortit du fourneau, semblable à une espèce d’agate. Si l’on voulait courir les risques et les frais de différentes épreuves, on découvrirait à la fin l’art de faire ce que le hasard a produit une seule fois. C’est ainsi qu’on s’est avisé de faire de la porcelaine d’un noir éclatant, qu’on appelle Ou king. Le caprice du fourneau a déterminé à cette recherche, et on y a réussi.

Quand on veut appliquer l’or, on le broie, et on le dissout au fond d’une porcelaine, jusqu’à ce qu’on voie au dessous de l’eau un petit ciel d’or. On le laisse sécher, et lorsqu’on doit l’employer on le dissout par partie dans une quantité suffisante d’eau gommée. Avec trente parties d’or, on incorpore trois parties de céruse, et on l’applique sur la porcelaine, de même que les couleurs.

Comme l’or appliqué sur la porcelaine, s’efface à la longue, et perd beaucoup de son éclat, on lui rend son lustre en mouillant d’abord la porcelaine avec de l’eau nette, et en frottant ensuite la dorure avec une pierre d’agate. Mais on doit avoir soin de frotter le vase dans un même sens, par exemple, de droit à gauche.

Ce sont principalement les bords de la porcelaine, qui sont sujets à s’écailler : pour obvier à cet inconvénient, on les fortifie avec une certaine quantité de charbon de bambou pilé, qu’on mêle avec le vernis qui se donne à la porcelaine, ce qui rend le vernis d’une couleur de gris cendré. Ensuite avec le pinceau on fait de cette mixtion une bordure à la porcelaine déjà sèche, en la mettant sur la roue, ou sur le tour. Quand il est temps, on applique le vernis à la bordure comme au reste de la porcelaine, et lorsqu’elle est cuite, ses bords n’en sont pas moins d’une extrême blancheur.