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quatre cent neuf mille huit cent quatre-vingt-seize livres de soie non travaillée ; trois cent quatre-vingt-seize mille quatre cent quatre-vingts pièces de toile de coton, cinq cent soixante mille deux cent quatre-vingts pièces de toile de chanvre ; sans compter la quantité d’étoffes de velours, de satins de damas, et autres semblables, le vernis, les bœufs, les moutons, les cochons, les oies, les canards, le gibier, les poissons, les fruits, les légumes, les épiceries, les différentes sortes de vins, qui s’apportent continuellement au palais impérial.


Valeur du taël

En supputant tout ce que l’empereur perçoit et le réduisant à nos livres de France, tous ses revenus ordinaires sont estimés d’environ deux cents millions de taëls. Un taël est une once d’argent qui vaut cent sols de notre monnaie valeur intrinsèque.

L’empereur peut encore imposer de nouveaux tributs sur ses peuples, lorsque les besoins pressants de l’État le demandent ; mais c’est un pouvoir dont il n’use presque jamais, les tributs réglés étant suffisants pour les dépenses qu’il est obligé de faire ; et bien loin d’avoir recours aux subsides extraordinaires, il n’y a guère d’années qu’il n’exempte quelque province de tout tribut, lorsqu’elle a été affligée de la disette, ou de quelque autre calamité.


Manière dont se paient les tributs.

Comme les terres sont mesurées, et qu’on sait le nombre des familles, et ce qui est dû à l’empereur, on n’a nulle peine à déterminer ce que chaque ville doit payer chaque année. Ce sont les officiers des villes qui lèvent ces contributions : on ne confisque point les biens de ceux qui sont lents à payer, ou qui par des délais continuels chercheraient à éluder le paiement ; ce serait ruiner les familles ; c’est pourquoi depuis qu’on commence à labourer les terres, ce qui se fait vers le milieu du printemps jusqu’au temps de la récolte, il n’est pas permis aux mandarins d’inquiéter les paysans : la prison ou la bastonnade est le moyen dont on se sert pour les réduire.

On emploie encore un autre expédient : comme il y a dans chaque ville un nombre de pauvres et de vieillards, qui sont nourris des charités de l’empereur, les officiers leur donnent des billets pour se faire payer. Ils vont aussitôt dans les maisons de ceux qui doivent le tribut et si l’on refuse de satisfaire, ils y demeurent, et s’y font nourrir autant de temps qu’il est nécessaire pour consommer ce qui était dû à l’empereur.

Ces officiers rendent compte de leur recette au pou tching ssëe, c’est le trésorier général de la province, premier officier après le viceroi. Ils sont obligés à certains temps de lui faire tenir les deniers de leur recette ; ils les envoient sur des mulets ; chaque mulet porte deux mille taels dans deux espèces de barils de bois fort longs, qui sont fermés avec des crampons de fer. Le pou tching sseë rend ses comptes au hou pou, qui est le second des tribunaux souverains de la cour : c’est ce tribunal qui est chargé de tout ce qui concerne l’administration des finances, et qui à son tour en rend compte à l’empereur. Rien n’est mieux ordonné que l’imposition et la levée des tributs, si l’on en excepte quelques fraudes inévitables, dont les petits officiers usent à l’égard du peuple.


Origine du nom de Livrée

La Chine a cela de singulier, que l’empereur est dans ses États, comme