Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/341

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ou comme on prononce en Grec τύπθομεν. Ce men est la marque du pluriel dans plusieurs mots chinois, comme nous le verrons dans la suite. Enfin il y a quelques mots, qui semblent se terminer en on, comme touon, pouon : mais c’est un O si obscur, qu’un Français ne le peut sentir : il entend touen, pouen, ou touan, pouan.

L’N finale à laquelle on doit joindre encore une consonne, s’écrit par les portugais avec m, et par les Espagnols avec une n et un g. Peu importe, pourvu qu’on sache que ce son est un peu mou, et un peu traînant, comme le son qu’on entend, quand on a donné un grand coup sur une grosse cloche. Les Chinois appuyent sur la voyelle, ce qui varie le son. Tang, temple, n’est pas Teng, une lampe ; teng n’est pas ting, un clou ; ting n’est pas tong, l’orient : mais ils conviennent en cette impression, qui reste en l’air, après qu’on les a prononcés, et que je compare à l’impression qui reste après le coup donné à une cloche. Le g ne doit nullement se faire sentir. Il faut par exemple prononcer fang, une chambre, comme nous prononçons francs, mille francs ; à l’r près, qui n’est point dans la langue chinoise, c’est la même chose.

Pour ce qui est des lettres qui sont au commencement ou dans le corps des monosyllabes : voici ce qu’il y a à observer.

1° Les Chinois prononcent le ch, comme nous prononçons en français, chagrin, chose, chiche. Par exemple, chao, peu ; che, dix ; chi ; un corps mort ; chu, une lettre : Les Espagnols et les Portugais écrivent ce ch par un x : xe, xi.

2° Ils ont le ce et le ci des Italiens, comme dans ce mot citta. Nous écrivons ces mots avec tch, par exemple, tcha, du thé ; tche, manger ; tchi, savoir ; tchu, Seigneur.

3° Ils prononcent le ts comme les Italiens prononcent ce mot gratia : c’est pourquoi nous écrivons tsien, qui est une sorte de monnaie de cuivre.

4° Ils ont l’x et le χ des Grecs. Ce mot Kouan, officier, mandarin, pourrait s’écrire par Coüan, Coan et Quoan. Mais il vaut mieux écrire Koan, pour éviter la confusion.

Ils ont une H si forte, qu’elle est tout à fait gutturale, hoan, changer.

5° Il se trouve un I dans certains mots qui est presque insensible, comme siue, ou sue, tçiuen, ou tçuen. Il faut bien se donner de garde de prononcer sive, de la neige, comme la particule latine sive.

6° Les Chinois ont un v consonne, comme van, dix mille taels ; ven, interroger ; vang, en vain. Plusieurs cependant confondent cet v avec ou, ou un double w, et disent, ouen, demander, etc.

7° Ils ont aussi un J consonne : ju, comme ; ju, lait ; jang, pardonner. Il est bon d’écrire l’I voyelle par un y, quand il est au commencement : y, un ; yu, de la pluie ; yong, se servir ; yang, mouton.

8° Ces mots nghe, le front ; nghen, un bienfait ; ngheou, vomir ; ngai, aimer ; ngao, superbe : ngan, santé, sont un peu difficiles à prononcer, parce qu’il