Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/36

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les princes et les seigneurs qui ouvrent la marche, et qui sortent les premiers à cheval ; ils sont suivis des colao, ou principaux ministres, et des grands mandarins : ils marchent sur deux ailes et assez près des maisons, de sorte qu’ils laissent toute la rue libre. On porte après eux 24 bannières de soie jaune, qui est la livrée de l’empereur, brodées de dragons d’or, qui sont comme ses armoiries. Ces bannières sont suivies de 24 parasols de même couleur, et d’autant de grands éventails fort riches et fort précieux. Les gardes du corps sont tous vêtus de jaune, avec des espèces de casque en tête, et une sorte de javelot ou demie pique dorée, terminée en haut par la figure d’un soleil ou d’un croissant, ou de la tête de quelque animal. Douze estafiers vêtus des mêmes couleurs, portent sur leurs épaules la chaise de l’empereur qui est superbe. Il y a en divers endroits sur la route un grand nombre de ces estafiers, pour le relever dans la marche. Une troupe de musiciens, de trompettes, et de joueurs d’instruments accompagnent l’empereur, et font grand bruit. Enfin un grand nombre de pages et de valets de pieds ferment la marche.


Lorsque Cang hi visitait ses États.

Mais comme les empereurs maintenant sortent plus souvent de leur palais, ils se délivrent volontiers de l’embarras que cause un si grand cortège. Quand l’empereur Cang hi visitait les provinces méridionales, il montait une barque neuve et faite exprès pour son voyage, accompagné de ses enfants, de grands seigneurs, et d’une infinité d’officiers de confiance ; il y avait tant de troupes sur sa route, qu’il semblait marcher au milieu d’une armée. Alors il allait à petites journées, s’arrêtant de temps en temps pour examiner par lui-même, et se faire rendre un compte exact de tout ; mais en retournant à Peking, sa barque marchait jour et nuit.

Je ne dis rien de ses voyages en Tartarie, lorsqu’il y allait prendre le divertissement de la chasse, c’est alors qu’il marchait véritablement à la tête d’une armée, et l’on eût dit qu’il allait à la conquête d’un empire. Je décris ailleurs la magnificence qui éclatait dans le train, dans les habits, dans les tentes et les équipages de ce prince, et de tous les grands de sa suite : ainsi sans m’y arrêter à présent, je ne parlerai que de l’éclat et de la pompe, avec laquelle il allait offrir solennellement des sacrifices dans le temple du Tien. Le détail que j’en tire de la relation qu’en a fait le P. Magalhaens est d’autant plus sûr, que l’ordre de ces sortes de cérémonies, est réglé de tous les temps, et s’observe invariablement.

Cette marche commence par 24 tambours rangés en deux files, et 24 trompettes. Ces trompettes sont faites d’un bois fort estimé des Chinois, qu’ils nomment ou tong chu : elles ont plus de trois pieds de longueur, et environ huit pouces de diamètre à l’embouchure : elles sont en forme de cloches ornées de cercles d’or, et s’accordent parfaitement avec les tambours.

Suivent sur la même ligne 24 hommes, armés de bâtons longs de sept à huit pieds, vernissés de rouge, et ornés de feuillages dorés ; puis cent soldats portant des hallebardes, dont le fer se termine en croissant, cent