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L’encre dont on se sert pour imprimer, est liquide, et est bien plus tôt prête, que celle qui se vend en bâtons. Pour la faire, il faut prendre de la suie, la bien broyer, l’exposer au soleil, et la passer par un tamis ; plus elle est fine, et meilleure elle est. Il faut la détremper avec de l’eau-de-vie, jusqu’à ce qu’elle devienne comme de la colle, ou comme de la bouillie épaisse, prenant garde que la suie ne se mette en grumeaux.

Après cette façon, on y ajoute de l’eau autant qu’il faut, pour qu’elle ne soit ni trop épaisse, ni aussi trop claire, et par conséquent trop blanche. Enfin pour empêcher qu’elle ne s’attache aux doigts, on y ajoute un peu de colle de bœuf. Je crois que c’est celle dont se servent les menuisiers : on la fait dissoudre auparavant sur le feu, et ensuite sur dix onces d’encre on fait couler à peu près une once de colle, qu’on mêle bien avec la suie et l’eau-de-vie, avant que d’y ajouter l’eau.

Ils n’impriment que d’un côté parce que leur papier est mince et transparent ; et ne pourrait souffrir une double impression, sans confondre les caractères les uns avec les autres ; c’est ce qui fait que les livres ont une double feuille qui a son replis au dehors, et son ouverture du côté du dos du livre, où elle est cousue. Ainsi leurs livres se rognent du côté du dos, au lieu que les nôtres se rognent sur la tranche ; et pour les assembler, il y a un trait noir sur le replis de la feuille, qui sert à la justifier, comme les trous que font les pointes aux feuilles que nous imprimons, servent aux relieurs à les plier également, afin que les pages se répondent.

Ils couvrent leurs livres d’un carton gris assez propre, ou bien d’un satin fin, ou d’un petit taffetas à fleurs, qui ne coûte pas beaucoup. Il y en a aussi que les relieurs couvrent d’un brocard rouge, semé de fleurs d’or et d’argent. Quoique cette manière de relier soit fort inférieure à la nôtre, elle ne laisse pas d’avoir son agrément et sa propreté.





De quelle manière on fait étudier les jeunes Chinois, des divers degrés par où ils passent et combien ils ont d’examens à subir pour parvenir au doctorat.


Dès l’âge de cinq à six ans, selon que l’esprit des enfants est ouvert, et que les parents ont soin de leur éducation, les petits Chinois commencent à étudier les lettres ; mais comme le nombre des lettres est si fort multiplié, et qu’ils n’ont point de méthode comme en Europe, cette étude serait fort dégoûtante, si l’on n’avait pas trouvé le moyen d’en faire une espèce de jeu et de divertissement. On a donc choisi quelques centaines de caractères, qui expriment les choses les plus communes, et qui tombent le plus sous les sens ; comme le